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CONGRÈS INTERNATIONAL DE METZ novembre 2007

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Université Paul Verlaine
UFR Lettres Langues et
Metz Ile du Saulcy

 
"La représentation de l'Autre dans les Arts et les Littératures d'Amérique Latine"

16-17 novembre 2007



Ce colloque s'inscrit dans le cadre d'activités scientifiques du Centre des Ecritures de l'Université Paul Verlaine de Metz et il est organisé avec la participation de l' Equipe Fonctions Imaginaires et Sociales des Arts et des Littératures (E.F.I.S.A.L) de l ' EHSS-Paris, rattaché au Centre de Recherche sur les Arts et le Langage (C.R.A.L-CNRS) et le Centre de Recherches interdisciplinaires sur les Mondes Ibériques et Contemporains (C.R.I.M.I.C) de l'Université de Paris IV, Sorbonne.

Le colloque -dirigé par Alejandro Canseco-Jerez, Maître de Conférences- aura lieu à la Faculté des Lettres et Langues de l'Université de Metz, à l'Ile du Saulcy, les 16 et 17 novembre 2007.

Dans Le cadre "Image de l'amérindien dans la littérature et les arts",

le 16 novembre de 18 H à 19h30,

Amphithéâtre 2,

table ronde autour de "Something's wrong" dijo el Indio Huenchuyán»,

texte de Roberto Gac

et de l'oeuvre du peintre péruvien Herman Braun-Vega.



 

À propos de l'Indien Huenchuyán.

 

(Entretien avec Alejandro Canseco-Jerez *, le 7 octobre 2007)

 

 

ALEJANDRO CANSECO-Jerez: Roberto Gac, comment vous est venue l’idée d’écrire une nouvelle autour d’un Indien Mapuche ?

 
ROBERTO GAC: Peut-être parce que j’ai passé mon enfance à Temuco, ville considérée comme la capitale de l’Araucanie. J’y rencontrais, tous les jours, en allant à l’école ou en accompagnant ma mère faire les courses, de nombreux indiens qui venaient au marché de la ville. Ils étaient habillés (surtout les femmes) de leurs costumes traditionnels et parés de leurs bijoux en cuivre et en argent. Ils avaient l’air très digne, très sérieux. Ils me faisaient un peu peur…
 
Question : L’Indien Huenchuyán a pourtant l’air très drôle…
 RG : C’est vrai. Mais au fond il est très digne, très sérieux. Sa drôlerie est comme celle de tous les Indiens… et des Chiliens qui ont sans doute hérité de leur caractère. Vous savez, au Chili, nous passons notre temps à plaisanter, à rigoler… tout en étant très sérieux au fond. C’est une façon de faire face à la pesanteur de la vie ordinaire.
 
Question : Mais le personnage lui-même a-t-il réellement existé ?
 RG : Oui et non. Il m’a été inspiré par le cas de quelques Indiens que j’ai rencontrés au Pénitencier de Santiago. A l’époque, je préparais mon Doctorat en Médecine et je devais présenter une thèse. Ayant choisi la Psychiatrie comme spécialité, je me suis intéressé au Complexe d’Œdipe, l’un des concepts fondateurs de la Psychanalyse freudienne. Parmi des centaines de criminels enfermés dans le pénitencier, il y en avait dix qui avaient tué leur père, non pas dans leur Inconscient, mais dans la réalité. J’ai donc étudié chacun de ces cas (entretiens, anamnèse, tests psychologiques de tous ordres, etc.) et le résultat fut ma thèse « Données sur la psychopathologie du parricide », que vous pouvez trouver à la bibliothèque de la faculté de Médecine de l’Université Catholique de Santiago. Elle est nettement moins drôle que ma nouvelle !
 
Question : Je vous crois. Mais revenons à votre personnage. L’Indien a une façon très particulière de vivre sa sexualité. Est-ce le cas de tous les Mapuches ?
 RG : Bien sûr que non ! Je vous rappelle que « Something is wrong’ dit l’Indien Huenchuyán » est une nouvelle, une œuvre de fiction. Elle a une réalité en soi, celle de la fiction, laquelle, comme je la définis dans mon intertexte « La Société des Hommes Célestes », n’est ni vraie ni fausse. Elle est, tout simplement. Donc, on ne peut pas faire des transpositions hâtives entre la vie quotidienne des Indiens et la vie fictionnelle. Cela dit, dans les résultats psychométriques détaillés de ma thèse, j’ai relevé deux constantes : la bisexualité très accentuée chez ces parricides. D’autre part, il faut tenir compte du fait que les Mapuches ne sont pas très catholiques ! Ils ont leur propre religion où le sentiment de culpabilité, si cher au judéo-christianisme, n’existe pas de la même façon. Sur ce point, ils sont beaucoup plus proches des Grecs de l’Antiquité que de nous. Et c’est peut-être pour cela que le Marquis de Sade leur rend hommage comme à l’un des « peuples sages de la planète ». D’ailleurs, c’est en lisant Sade que l’idée m’est venue d’écrire cette nouvelle.
 
Question : Croyez-vous que les Mapuches d’aujourd’hui seraient contents de l’image « sadienne » que vous donnez de leurs coutumes amoureuses ?
 RG : Je ne sais pas. En tout cas, leur langue me semble refléter avec beaucoup de précision la richesse de leur sexualité. Des mots comme chrochrollí, llí, hueye, hueyetuve, malentún, etc., montrent l’étendue de leurs connaissances et de leurs goûts en la matière. Mais, j’insiste, l’ « Indien Huenchuyán » est une nouvelle, une œuvre de fiction et non un essai anthropologique, ethnologique ou sociologique.
 
Question : D’accord. Mais ne craignez-vous pas les réactions des comités de défense des Indiens ?
 
RG : Je suis le premier à défendre les Indiens, pour lesquels j’ai un profond respect. Huenchuyán n’est pas n’importe qui. En fin de compte, c’est un homme exceptionnel, non seulement parce qu’il sait parler l’anglais mais aussi parce qu’il est modeste, travailleur, loyal, bon chef de famille, bon élève, philosophe à sa façon et même… un peu artiste. Si tous les Indiens sont comme lui, alors Sade avait parfaitement raison.
 
Question : Dans « La Guérison », l’un de vos livres publiés à Paris, le protagoniste est déjà un Indien…
 
RG : Effectivement. Dans ce livre, le protagoniste est un Mapuche qui, suite à une rupture amoureuse, devient fou. Il se prend pour Dante Alighieri réincarné, avec l’obligation d’écrire une nouvelle Divine Comédie, un peu comme Pierre Ménard, l’auteur du Quichotte selon Borges. Le défi est considérable, mais l’Indien arrive à ses fins… dans une certaine mesure, bien entendu ! « La Guérison » est une sorte de Divine Comédie mapuche. Vous voyez, je me fais une haute idée de mes compatriotes d’enfance auxquels je souhaite, du fond de mon cœur, de récupérer bientôt les terres dont ils ont été dépossédés par les Huincas !
 
* Maître de Conférences à l'Université Paul Verlaine de Metz.

(Propos recueillis et traduits de l'espagnol par Ch. Gac-Artigas)
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