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Nathalie Sarraute, s'inspirant de Stendhal, créa au XXe siècle l'expression "l'ère du soupçon" pour définir la position des critiques face au Nouveau Roman. Aujourd'hui, face à la dérive du milieu littéraire parisien, peut-être parlerait-elle de "l'ère de la honte".




  Nathalie Sarraute (Ivanovo-Voznessensk , Moscou 1900 – Paris 1999) s’intéressa à analyser, dans les années 40 -50, l'évolution du roman comme genre narratif qui s'éloignait peu à peu du "roman de personnages", le roman conventionnel du XIXe siècle. Ce faisant, elle franchissait le seuil du Nouveau Roman, dont elle deviendra l'une des icônes aux cotés de Butor, Robbe-Grillet, Claude Simon, etc.  Le "personnage", pilier solide et inamovible du roman depuis toujours, devenait -sous l'écriture des "nouveaux romanciers"- de plus en plus fragile et instable, progressivement plus mince,  laissant transparaître la présence de son "auteur". Dans la terminologie de Nathalie Sarraute, le personnage était devenu "suspect", aussi bien pour l'écrivain que pour le lecteur.  Le personnage n'était plus le représentant indiscutable (et "vivant") de l’auteur qui se cachait derrière sa créature (effacement dont la réussite était presque la preuve de son talent), mais plutôt son reflet… lui aussi suspect!
 
              L'effort théorique de Nathalie Sarraute prend racine chez Stendhal, qui écrit ceci dans Souvenirs d'égotisme, en 1832:
             "Le génie poétique est mort, mais le génie du soupçon est venu au monde. Je suis profondément convaincu que le seul antidote qui puisse faire oublier au lecteur les éternels Je que l’auteur va écrire, c’est une parfaite sincérité".
              Un siècle plus tard, la romancière utilisera l'expression stendhalienne dans son étude du personnage et du progrès formel du roman, influencée aussi par la recherche de Proust et son dépassement du personnage romanesque traditionnel (Proust, est-il le protagoniste de la Recherche, son auteur ou un simple personnage-narrateur? Les proustologues parisiens n'arrivent toujours pas à se mettre d'accord). Mais derrière cette approche de Nathalie Sarraute, en apparence purement rhétorique,  il y a un  regard profondément éthique et moral sur les journalistes et la critique, sur le système des prix littéraires et donc, indirectement, sur l'édition. Le Balzac de la Monographie de la Presse Parisienne n'est pas loin.

            Les premières lignes de L'ère du soupçon  sont très significatives :
           "Les critiques ont beau préférer, en bons pédagogues, faire semblant de ne rien remarquer, et par contre ne jamais manquer une occasion de proclamer sur le ton qui sied aux vérités premières que le roman, que je sache, est et restera toujours, avant tout, « une histoire où l'on voit agir et vivre des personnages », qu'un romancier n'est digne de ce nom que s'il est capable de « croire » à ses personnages, ce qui lui permet de les rendre « vivants » et de leur donner une « épaisseur romanesque » ; ils ont beau distribuer sans compter les éloges à ceux qui savent encore, comme Balzac ou Flaubert, « camper » un héros de roman et ajouter une « inoubliable figure » aux figures inoubliables dont ont peuplé notre univers tant de maîtres illustres ; ils ont beau faire miroiter devant les jeunes écrivains le mirage des récompenses exquises qui « attendent », dit-on, ceux dont la foi est la plus vivace : ce moment bien connu de quelques « vrais romanciers » où le personnage, tant la croyance en lui de son auteur et l'intérêt qu'il lui porte sont intenses, se met soudain, telles les tables tournantes, animé par un fluide mystérieux, à se mouvoir de son propre mouvement et à entraîner à sa suite son créateur ravi qui n'a plus qu'à se laisser à son tour guider par sa créature ; enfin les critiques ont beau joindre aux promesses les menaces et avertir les romanciers que, s'ils n'y prennent garde, le cinéma, leur rival mieux armé, viendra ravir le sceptre à leurs mains indignes (…)"

             Nathalie Sarraute, dont la subtilité et l'élégance du style sont légendaires, voile à peine son dédain ironique pour une caste de chroniqueurs littéraires qui font partie -depuis le début du XXe siècle- du milieu "germanopratin". Pour elle (mais aussi pour le Roland Barthes des Mythologies), il est évident qu'il y a un mécanisme médiatique qui s'oppose au progrès de la littérature narrative vers de nouvelles formes pour des raisons prétendument esthétiques (sauvegarder les "vrais romans" et leurs "vrais personnages"), mais en vérité platement commerciales ("récompenses", "menaces", vont dans ce sens).  Or, elle n'a pas établi le lien explicite entre le mur conceptuel érigé par la critique ("kritike", dirait René Daumal) contre le développement de la forme romanesque… et l'avidité des éditeurs pour faire de l'argent avec la littérature. Car c'est le roman de personnages le roman qui réussit dans le marché, le "bon roman" qui se vend  bien et fait plaisir à tout le monde… ou presque. Dans Ce que voient les oiseaux, l’un des quatre essais qui constituent la base de la réflexion théorique de Nathalie Sarraute sur la littérature, elle détaille avec humour la parution d'un nouveau sous-genre romanesque, lequel vient s'ajouter au "roman vrai" ou au "roman mensonge" sartrien : "le faux bon roman" !

           "Les faux bons romans ne dressent plus d'obstacles, n'exigent plus guère d'efforts, et permettent aux lecteurs, confortablement installés dans un univers familier, de se laisser glisser mollement vers de dangereuses délices", écrit-elle dans son essai.

            Exemples? Trop nombreux pour les citer ici. Le marché littéraire est saturé de "faux-bons-romans", y compris (et surtout) ceux couronnés par les Grands Prix qui signalent de haute autorité éditoriale le chemin à suivre pour les apprentis romanciers. D'un point de vue du commerce littéraire, tout cela est bien connu, net et accepté sans broncher par les "ruminsiés" (Daumal dixit) qui veulent être publiés, gagner de l'argent et, condition sine qua non, faire gagner de l'argent à l'éditeur qui a eu la gentillesse de s'occuper gracieusement d'eux.  Quant à l'évolution de la littérature, on laisse le problème entre les mains des professeurs universitaires et de leurs doctorants. Tout est bien qui évolue bien.

          Cependant, cette apparence plutôt lisse du monde édito-littéraire est troublée par la cupidité des éditeurs et des écrivains, qui dépasse toutes les bornes de la décence. Car les forfaits, les abus, les délits commis par les uns et par les autres pour "faire du fric" sont aussi sauvages dans le monde des lettres (et dans le monde de l'art en général) que lorsqu'il s'agit du marché de la viande. Dans les Pamphlets Parisiens, je recense un certain nombre de ces forfaits, quelques-uns drôles, d'autres pénibles et cruels, indignes d'une société civilisée comme la France, dépositaire et gardienne d'une haute tradition littéraire. Audace de ma part que d'aucuns trouveront sans doute déplacée et inconvenante. Or, si je peux me permettre d’écrire sur ces pratiques, c'est parce que -étant heureusement étranger au milieu germanopratin- ma liberté de conscience est entière.

           Les Pamphlets Parisiens débutent par la présentation de quelques personnages du "milieu", le méchant "dictateur" de la langue française, M. Bernard Pivot, en tête. On peut rire aussi. Balzac disait qu’un bon pamphlet doit être lapidaire dans son agressivité, mais un zeste d'humour est indispensable. L'inventaire des malfaisances inclut également les turpitudes romanesques de Mme Filippetti, apprentie romancière à l'époque où elle était ministre de la culture de Monsieur Hollande. Au sujet de la "fraîcheur", discutable ou pas, des faits et des anecdotes pamphlétaires, je rappelle que, lié à l'actualité immédiate, le pamphlet devient rapidement anachronique après avoir atteint ou raté son but. Peu importe. Il reste comme un témoignage plus ou moins coloré et vivant de l'époque qui le vit apparaître. De toute façon, la spirale de la corruption est tellement puissante que chaque jour nous apporte de nouveaux faits… pas très différents de ceux de jadis. Fraîcheur confirmée : le regard critique de Balzac continue d'être juste et lumineux comme au XIXe siècle.

           La rentrée littéraire de cette année 2021 nous offre le lot habituel des petites ou grandes misères du "milieu". D'abord, le scandale, ô combien traditionnel et ennuyeux, dans l'attribution du prix de l'Académie Goncourt, où une dame du jury avait discrètement tout organisé pour que l'heureux gagnant soit son époux  (au passage, forte de sa signature -"membre de l'Académie Goncourt"- elle avait critiqué sans pitié le livre d'une concurrente de son mari pour lui éviter, précisément, toute concurrence). La ficelle étant trop grosse, Madame fut obligée de faire marche arrière et le prix fut octroyé à un jeune écrivain noir de 31 ans, beaucoup plus  "goncourable". Tout est bien qui finit bien. Pas tellement pour la pauvre, belle (et un peu naïve) journaliste Francesca Gee, "valsée" pendant longtemps chez  Grasset-BHL avant de se voir refuser la publication (pourtant maintes fois évoquée et tacitement promise) de son livre L'Arme la plus meurtrière. "Le milieu littéraire français fonctionne comme une mafia" (sic), constate dans le Télérama du 15 octobre 2021 l'écrivaine humiliée. Par chance, Francesca Gee découvrit qu'elle pouvait se publier elle-même dans les conditions hautement créatrices impliquées par l'autoédition, le talon d'Achille du vétuste mécanisme éditorial français. C'est moins spectaculaire, mais beaucoup plus sain et poétique (dans le sens défini par Jakobson, évidemment). Toujours dans Télérama (août-septembre 2021), Juliette Cerf ne peut que constater à son tour (Des succès dorés sur tranche) que la "best-sellerisation" de la littérature va de pire en pire. La création littéraire authentique devient, de toute évidence, un phénomène strictement confidentiel, quasi ésotérique. D'ailleurs, si l'on suit le fil de sa pensée, c'est aussi par l'autoédition -abhorrée par tous les éditeurs, cela va de soi- que la création littéraire pourra être sauvée. Joseph Confavreux et Ellen Salvi, journalistes à Médiapart, vont un peu dans cette direction lorsqu'ils préviennent du danger immédiat impliqué par l'expansion de l'empire du multimillionnaire Bolloré, lequel se propose de  devenir propriétaire d'une partie considérable de l'édition en France pour mieux diffuser sa propre idéologie politique, proche de l'extrême droite. Liberté de création assurée...

          Toutefois, le plus drôle des scandales à venir (et à étouffer du mieux possible) est celui qui concerne l'Académie Française. Monsieur Gallimard, non satisfait de la mise à sa disposition du Collège de France afin d'assurer la promotion de la Bibliothèque de la Pléiade (par "auteurs de la Maison" interposés, qui travaillent sur les deux terrains, celui de l'éditeur privé et celui des Institutions de l'État, concubinage qu'on appelle dans le jargon marxiste "le capitalisme monopoliste d'État" et qui consiste à permettre aux "privés" d'user et d'abuser des structures publiques payées par tous) a décidé de mettre à contribution les voix des petits vieillards habillés en pyjamas de velours vert pour réactiver ses ventes, tout en frappant un grand coup médiatique et amuser le Tout-Paris (il est nécessaire de temps à autre de rappeler qui détient vraiment le pouvoir dans le monde des lettres). Faut-il le dire ?  Monsieur n'a nul besoin d'exprimer ses souhaits à haute voix. Si les Académiciens veulent avoir une chance d' être publiés, eux aussi, dans la Pléiade, ils doivent accepter la dernière astuce de l'éditeur, boutiquier très malin :  la candidature du romancier et journaliste péruvien Mario Vargas Llosa  (Lima, Pérou, 1936), postulant au fauteuil précédemment occupé par le philosophe Michel Serres.

           La promotion de l'œuvre de Mario Vargas Llosa, œuvre piteusement médiocre (Nathalie Sarraute aurait qualifié tous ses romans de "faux bon romans"), fut assurée dans un premier temps au Collège de France par Antoine Compagnon  où, sans rougir, il présenta le Péruvien pratiquement comme "un écrivain français" (je raconte ce méfait nationaliste dans "Proust et l'écrivain afrancesado", blogs Médiapart, oct. 2021). Or, l'édition de luxe ayant apparemment fait un chiffre de vente catastrophique, Monsieur Gallimard ne peut que vouloir, en toute logique comptable, que son poulain sud-américain soit reçu sous la Coupole avec les égards dus à son prix Nobel de Littérature, coûteusement acquis grâce, entre autres, aux manœuvres d'un sous-marin gallimardesque planqué à Stockholm, le dandy français marié à une académicienne du roi de Suède. (Le play-boy se vantait de ses exploits orgiaques et d'avoir souvent influencé  le jury Nobel pour désigner leur lauréat. Il finit en prison). Voilà en quelques coups de pinceaux romanesques, mon décodage de la situation  (Nathalie Sarraute disait, délicieusement, que "les Impressionnistes peignent à la première personne"), déchiffrement pour lequel j'applique les principes-mêmes du "Code d'honneur" du milieu germanopratin.

           Il y a, néanmoins, quelques petites difficultés pour mener les vieux papis verdâtres à voter selon les convenances de M. Gallimard : l'âge de l'écrivain péruvien, bientôt nonagénaire, dépasse de loin la limite des 75 ans imposée aux candidats. Mais, surtout, les Immortels ont le devoir  d'appliquer le principe fondamental de l’Académie mis en place en 1635 par son fondateur, le cardinal de Richelieu : le respect, la protection et le développement de la langue française. Or Vargas Llosa n'a jamais écrit une seule page en français ! Il bafouille (avec l'aisance d'un causeur de salon) la langue de Proust... écrivain que pourtant il exècre parce qu'il n'arrive pas à lire ses "phrases trop longues" ("Vargas Llosa contre Marcel Proust", blogs Médiapart, oct. 2021). Certes, francophile infatué, il exprime haut et fort son enthousiasme pour Flaubert et même pour Victor Hugo, génies découverts par lui dans les années 60 et qu'il voudrait, en bon béotien, sauver de l'oubli.  En vérité, mieux que francophile, il est un fervent admirateur et serviteur des États-Unis d'Amérique, pour lesquels il travaille avec acharnement depuis sa jeunesse. ("Les États-Unis nous protègent et nous guident", déclara-t-il à la presse, après la débâcle de l'US Army face aux Talibans). Pour M. Gallimard tout cela ne pose aucun problème, bien au contraire. L'important, c'est de récupérer l’argent investi et de garder le pouvoir dans le monde de l'édition. Business is business.

           Nathalie Sarraute, dont la prose est reconnue comme l'une des plus belles de la littérature française contemporaine (l'Académie ne voulut jamais d'elle,  ce qui d'ailleurs lui était complètement indifférent) pourrait constater aujourd'hui que nous sommes tristement passés de l'ère du soupçon à l'ère de la honte.

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Le dédain arrogant de Vargas Llosa envers Proust et la Recherche est déplorable. Ce mépris est le produit de son incapacité personnelle à percevoir et à saisir la subtilité et la luminosité d'une œuvre axiale de la littérature contemporaine.








VARGAS LLOSA contre MARCEL PROUST

Dans mon article Proust et l'écrivain "afrancesado", je m'étonnais des déclarations de Vargas Llosa  à propos de son "dégoût" de Marcel Proust :

"Je n'aime pas Marcel Proust et pendant de nombreuses années je l'ai caché. Plus maintenant. J'avoue que j'ai eu du mal à terminer « À la recherche du temps perdu », un ouvrage sans fin que j'ai lu avec beaucoup de difficultés, dégoûté par ses très longues phrases, par la frivolité de son auteur, par son monde minuscule et égoïste, et, surtout, par ses murs de liège, construits pour ne pas être distrait en entendant les bruits du monde (que j'aime tellement).  (Journal espagnol El País, 19 avril 2020).

 Déclaration pour le moins stupéfiante, disais-je, s'agissant d'un écrivain comblé et flatté par l'admiration que lui portent des intellectuels comme Antoine Compagnon, "proustologue" parisien édité chez Gallimard.  En novembre 2017, Compagnon fit la promotion au Collège de France  (où il était Professeur de Littérature Française Moderne et Contemporaine)  des ouvrages du romancier péruvien publiés dans la luxueuse Bibliothèque de la Pléiade,  couvrant d'éloges une œuvre esthétiquement irrégulière et médiocre. "García Márquez écrivain naïf pour des lecteurs naïfs; Vargas Llosa écrivain médiocre pour des lecteurs médiocres", ai-je écrit dans un autre de mes articles, pensant au Douanier Rousseau, le merveilleux peintre "naïf", et au Livre X de La République de Platon ("le médiocre rejoint le médiocre".)

L'opinion de Vargas Llosa contre Marcel Proust, opinion dictée par sa pusillanimité et par la méconnaissance d'une œuvre transcendantale que, de son propre aveu, il a été incapable de lire correctement ( "Vous êtes selon moi le modèle du lecteur", l'avait  pourtant complimenté  Compagnon), pourrait rappeler Contre Sainte-Beuve, l'essai qui annonce le début de la  Recherche. Mais la comparaison est impossible entre le texte proustien, produit d'une extraordinaire sensibilité et d'une intelligence lumineuse, et la "pensée" obscure et incohérente d'un écrivain-reporter, publiciste vénal de l'Open Society, la société néolibérale qui a fait de lui son Captain America  pour protéger ses intérêts au nom de la "liberté". (Open Society en revanche strictement fermée à des écrivains "ennemis de la  démocratie" tels le poète Pablo Neruda ou le romancier Gabriel García Márquez, interdits de leur vivant d'entrer aux Etats-Unis, à l'instar de beaucoup d'autres artistes qualifiés de "leftist" par le FBI et la CIA .)

La lecture du dernier roman de Vargas Llosa -Tiempos Recios (2019)- mal traduit sous le titre "Temps Sauvages" (plagié du roman de Joseph Kessel, "Les Temps Sauvages", 1975), permet de confirmer la distance sidérale entre la haute qualité esthétique de la création proustienne et la platitude stéréotypée et grossière de la production de l'écrivain "nobélisé". Tout lecteur attentif pourra constater aisément que Temps Sauvages n'est qu'un récit  romanesque à la structure archi-conventionnelle, rédigé dans une prose monotone et ennuyeuse, surchargé d'informations pseudo historiques. Cependant,  Temps Sauvages présente un intérêt particulier : ce roman  pourrait être lu comme une confession inconsciente et involontaire de Vargas Llosa sur l'origine de son "big success" littéraire. Sans craindre d'être traité de "complotiste paranoïaque", sa mise en question des mécanismes médiatiques américains (qui inventèrent de toutes pièces un supposé communisme dans l’innocent Guatemala pour en justifier sa colonisation et permettre à l’United Fruit d'exploiter gratuitement les bananeraies du pays)  révèle, malgré lui, le mécanisme de son propre succès comme "best seller".

 En effet, ces mêmes forces toxiques qui propulsent la propagande idéologique des États-Unis, forces déployées non seulement dans le petit Guatemala mais aussi en Europe (l'héroïque journaliste Julian Assange est en prison pour les avoir démasquées), le transformèrent d’écrivain médiocre en romancier génial, défenseur de la liberté menacée par les "criminal communists". Et, au passage, le hissèrent comme exemple à suivre pour les nouvelles générations d’écrivains. C'est le but du label ridicule "living legend" qui lui fut décerné par l' US Library of Congress, et le sens du non moins caricatural Irving Kristol Award offert à Vargas Llosa par l'American Enterprise Institute, nid des néoconservateurs américains et vivier du think-tank de l'extrême-droite du Parti Républicain ("To Mario Vargas Llosa, whose narrative art and political thought illumine the universal quest for freedom"). Vargas Llosa, rappelons-le, chaud partisan de Bush et de l'invasion de l'Irak, fut reçu à Bagdad par le commandement militaire américain et salué en tant que Nobel Prize...en 2003, sept ans avant son couronnement par l"Académie suédoise !

La longue (et parfois risible) liste des récompenses octroyées au romancier (y compris l'argent accordé par un viticulteur milliardaire du Médoc : “C’est avec beaucoup d’émotion que Mario Vargas Llosa, s’est vu attribuer les 20 000 euros du prix littéraire Château La Tour Carnet 2019" ), porte le sceau mal camouflé de l’US Ideological Publicity Agency (appelons-la ainsi par souci de transparence). Ce sont les publicistes de l’Agency, à l’instar des journalistes occupés à  falsifier l’image du Guatemala au profit de l'United Fruit, qui ont conçu et mis en marche la machine médiatique qui a fait de Vargas Llosa le paladin du roman de la société néolibérale. Peu à peu, avec la complicité des éditeurs, le mécanisme devint automatique, fit "boule de neige" et enveloppa dans son inertie les dirigeants de nombreuses universités et académies, escortés par une masse de clercs littéraires et de journalistes irresponsables. Ils se sont laissé piéger et hypnotiser par ce qui apparaîtra dans le temps, au-delà de toute "théorie du complot", comme l'une des fraudes culturelles les plus dévergondées et cyniques de notre époque.

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"Le pamphlet est le sarcasme à l'état de boulet de canon", disait Balzac. Les spécialistes du genre soulignent, outre sa tonalité satyrique, son discours direct et agressif, issu d'une forte indignation face à des faits qui sont occultés ou déformés par le pouvoir politique et médiatique. Lié donc à l'actualité immédiate, il devient rapidement anachronique après avoir atteint ou raté son but. Peu importe. Il reste comme un témoignage plus ou moins coloré et vivant de l'époque qui le vit apparaître.

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Cet article fait partie des  "Pamphlets Parisiens" livre publié par CS Amazon (juin 2014)

 

Mario Vargas Llosa s’est rendu à Santiago, en décembre 2009, entre les deux tours de l'élection présidentielle, afin d’intervenir dans la vie politique du Chili. Il s'est déplacé non pas pour défendre la démocratie, car le gouvernement de Michelle Bachelet a été et restera un modèle du genre en Amérique latine, mais pour appuyer Sebastián Piñera, candidat des néo-pinochétistes et l'un des hommes les plus riches du continent. Réplique chilienne de Berlusconi, Piñera est propriétaire, entre autres, d'une chaîne TV, d'un club de foot, d'une compagnie aérienne (LAN) et de 115.000 hectares de terres appartenant, en principe, aux Indiens Huilliches. Investissant d’immenses sommes d'argent dans sa campagne, et profitant de la division d’une gauche usée par vingt ans de gouvernement, il gagna l'élection malgré ses démêlés judiciaires (faillite de la Banque de Talca et disparition de 250 millions de dollars alors qu’il en était le directeur; délit d'initié dans la vente de ses actions en Bourse; association illicite de pharmacies dont il était actionnaire) et, encore, ses carambouillages aux États-Unis (amende de 88 millions de dollars à LAN-Cargo pour concurrence déloyale et atteinte à la "freedom" commerciale en collusion avec EL AL et ABSA), etc.,[1] Voici un rapide profil du politicien auquel Vargas Llosa apporta son appui comme Captain America de la société capitaliste, pour le remercier des importants investissements consentis par Piñera au Pérou (LAN-Pérou), mais aussi pour encourager la formation d'un axe régional contre la république bolivarienne du Venezuela.

 Il est très loin le temps où Varguitas conseillait aux écrivains latino-américains -tout particulièrement aux écrivains sympathisants de la révolution cubaine- de ne pas se mêler de politique et de se consacrer uniquement à la littérature. Cela ne l’empêcha nullement de se jeter lui-même à corps perdu dans la politique, allant jusqu'à briguer la présidence du Pérou. Sa participation aux manifestations organisées par les habitants des beaux quartiers de Lima pour défendre la "liberté" des banques, menacées de nationalisation par la gauche alors au pouvoir à Lima, lui valut les applaudissements de la bourgeoisie latino-américaine, de la City et de Wall Street, mais lui fit perdre les voix du peuple péruvien, qui lui préféra Alberto Fujimori.

 Après cette défaite humiliante, il se consacra, plus que jamais, à ses fonctions de commis culturel hispanique pour le compte des financiers et des politiciens anglais et états-uniens, parmi lesquels ses mentors, Ronald Reagan et Margaret Thatcher. Cette dernière deviendrait pour lui une sorte de marâtre spirituelle à la suite d’un banquet offert à un groupe d’intellectuels auxquels elle demanda, en guise de remerciements pour le succulent repas (et de quelques petits cadeaux, cela va de soi), de faire l'éloge de sa personne et de son gouvernement. C'est l'origine de plusieurs articles hautement littéraires de Vargas Llosa parus dans les journaux espagnols et latino-américains, saluant la culture, l'intelligence et la gentillesse bienfaisante de Margaret Thatcher et de sa politique.

 Les Argentins se souviendront toujours de cette politique, puisque la Dame de Fer -pendant la guerre néocoloniale des Malouines- donna l'ordre au sous-marin nucléaire "Conqueror" de couler par surprise le "cadet training ship" de la flotte argentine, le vieux croiseur "Général Belgrano". Le navire  transportait près d'un millier de jeunes mousses et de cadets à son bord, et se trouvait hors de la zone de combats proposée et reconnue par la Royal Navy elle-même, laquelle s'appuyait, pour perpétrer ses méfaits, sur des alliés comme le général Pinochet. Celui-ci -congratulé par la Dame de Mort en tant que "sauveur de la démocratie chilienne"- avait trahi la fraternité historique du Chili et de l'Argentine, en apportant sa meilleure aide logistique aux amiraux anglais [2]. Bien sûr, Varguitas ferma les yeux sur le crime de guerre commis par sa marâtre et sur les centaines de jeunes marins massacrés par les torpilles de Sa Majesté. L'histoire de l'Argentine jugera le romancier félon, absout par la bourgeoisie de Buenos Aires qui se presse au Théâtre Colon pour l'applaudir à l'occasion de ses tournées politico-culturelles. "La bourgeoisie manque essentiellement d'intelligence", disait Balzac. Elle manque aussi de cœur, pourrait-on ajouter.

Dans un entretien au journal El Mercurio de Santiago, Vargas Llosa affirme que c'est l'essai de Karl Popper -La Société ouverte et ses ennemis- qui l'aurait convaincu de devenir un guérillero anti-socialiste. Varguitas, qui n'a aucune formation philosophique sérieuse, ni aucune formation scientifique (sa culture est essentiellement romanesque, donc fictive), avoue que l'ouvrage de l'épistémologue autrichien (philosophe spécialiste des sciences, précisément), lui avait été recommandé par sa marâtre intellectuelle, Margaret Thatcher, dont l'illettrisme était pourtant l'objet des moqueries sans fin de ses propres ministres et de la presse britannique (illiterate lady).

Karl Popper (Vienne 1902 - Londres 1994) est surtout connu pour sa tentative d'assassinat de Karl Marx. Ce geste fut salué par la reine Elizabeth II -fanatique des romans d’Agatha Christie et des assassinats "british style"- qui lui accorda le sobriquet de "Sir", en 1965. "La Mort de Marx !", voilà un titre pour un roman de Vargas Llosa, connu d'ailleurs pour la gaucherie et l'inélégance de la plupart des titres de ses livres. Après ce meurtre rêvé, quel soulagement pour la très gentille et ouverte société bourgeoise, menacée par d’affreux ennemis totalitaires!  En vérité Karl Popper aurait mérité un disciple un peu plus crédible, car son œuvre -en particulier celle qui concerne l'épistémologie- est intéressante, ne serait-ce que par sa prétention colossale.

Bien que mon propos soit de combattre et non d'expliquer le phénomène poppérien [3], je voudrais donner un aperçu de la méthode de Popper comme penseur. Pour tuer Marx, il lui fallait, d'abord, démolir Hegel et sa dialectique, mère de la logique marxiste, mais auparavant, pour démolir Hegel, il se devait de démolir Platon et Socrate et, au passage, Héraclite et -pourquoi pas tant qu'on y est- Aristote lui-même! Ce vaste projet de démolition accompli (Derrida et son entreprise de déconstruction était, quand même, plus fin), il ne restait plus qu’à attendre que Marx tombât de son propre poids du piédestal où les méchants totalitaires l'installèrent au XIX siècle.

Varguitas, qui croit obstinément en la fiction comme panacée contre toute fièvre révolutionnaire, avala goulûment les arguments poppériens et ne remarqua pas sous la surface apparemment lisse et cohérente de l'écriture de Popper, le nombre incalculable d'amalgames, de raccourcis, de déformations et de citations tronquées qui jalonnent toute son œuvre. Même un étudiant en première année de philosophie serait capable de repérer les failles dans la logique poppérienne, failles dissimulées sous des affirmations provocatrices, nullement fondées et mal étayées, au point que le lecteur attentif pourrait se demander si Popper connaissait vraiment Descartes et sa méthode.

 Sa logique, très peu cartésienne donc, lui permet de considérer Platon comme un philosophe de "mauvaise foi", traître à son maître Socrate, et La République comme la matrice de tous les totalitarismes. D’après ses propos, Aristote serait un "écrivain médiocre", plus érudit qu'intelligent, et Hegel un "bouffon" dont la "pseudo philosophie", "fatras nauséabond", ne serait qu’une "imposture", "une des pires escroqueries intellectuelles de notre époque" [4]. Ce n'est pas tout. Utilisant Schopenhauer comme bouclier, Popper affirme que l'auteur de La Phénoménologie de l'Esprit (l'un des sommets incontestables de la philosophie occidentale) est un "mafioso" dont la pensée "pathologique" serait à la base du fascisme et, bien entendu, du stalinisme, etc. Fait étrange, celui qui se tire le mieux de ces rafales dignes d’un authentique terroriste intellectuel, c'est… Marx.

 En réalité, Popper, marxiste dans sa jeunesse,  n'arrive pas à cacher sa fascination et sa passion  pour Karl Marx (un peu comme la passion presque érotique de Varguitas pour Fidel Castro) [5]. Le philosophe viennois couvre Marx de louanges ("grand penseur profondément honnête, grand humaniste, sincère dénonciateur de l'injustice de la société des classes", etc.) croyant ainsi pouvoir le tuer sans éprouver de sentiments de culpabilité. Cependant, il n’y parviendra pas. En tout état de cause, il se sentira coupable, à l'instar de Yvan Karamazov, le personnage dostoïevskien, même s'il n'a pas réellement tué son père.

 En effet, contrairement aux désirs de Popper, Marx est toujours vivant, comme le prouve la dernière crise financière qui a secoué la société capitaliste, crise prévue -qu’on le veuille ou non- par le matérialisme historique. Ce fut la conclusion du congrès qui réunit à Londres, en mars 2009, de grands intellectuels européens rassemblés pour analyser la surprenante actualité du marxisme, seule théorie capable -encore aujourd'hui- d'expliquer avec clarté l'origine et le mécanisme du hold-up à dimension planétaire perpétré par Wall Street et la City.

 Karl Popper doit se retourner dans sa tombe, mais lui, il ne sortira jamais du cimetière. Son œuvre, qu’on aurait pu imaginer, compte tenu de sa prétention, proche par sa valeur de celles de Platon, d'Aristote, d’Hegel et de Marx, s’avère creuse et d’une étonnante trivialité. Mais pour l'intellect et la culture de son dévot Varguitas, c'est largement suffisant.

 Quelqu'un a dit (en pensant au merveilleux Douanier Rousseau, sans doute) "García Márquez, écrivain naïf pour des lecteurs naïfs". Je me permets d'ajouter, me rappelant le slogan bien connu visant les revues Life et Time Magazine ("Life pour ceux qui ne lisent pas, Time pour ceux qui ne pensent pas") : "Mario Vargas Llosa, écrivain médiocre pour des lecteurs médiocres"[6]. Certes, mon compatriote Roberto Bolaño,  lamentable sycophante de la révolution cubaine ("film de gangsters tourné sous les Tropiques", affirmait-il, en toute objectivité romanesque), a fait son éloge dans le  journal El País.[7] Malheureusement Bolaño mourut avant la publication de Las travesuras de la niña mala, roman-cul de Vargas Llosa,  dont le niveau de la prose rappelle celui des magazines sud-américains pour femmes, style Paula, Claudia, ou l'ancien Para Ti. Bolaño n'eut pas non plus le temps de lire le livre de Varguitas sur Onetti, où le romancier péruvien confond piteusement fiction et conscience, et propose, grosso modo, avec ses raisonnements d'un niveau comparable à celui du Sélections du Reader's Digest, de remplacer la révolution socialiste… par la fiction. Cela, tout en conseillant aux peuples latino-américains affamés de lire beaucoup de romans (d'abord les siens) pour s'évader de leur triste réalité[8]. Face à tant de sottise, de dévergondage, de pseudo culture camouflée derrière un mur de prix littéraires octroyés par la bourgeoisie aux écrivains (servant writers) qui savent défendre la société capitaliste de ses ennemis, il serait honteux de se taire et de laisser pontifier Vargas Llosa sans réagir…[9].

 


 

[1] Obligé par les circonstances, Piñera a été contraint de céder à ses amis quelques-unes de ses affaires les plus voyantes… pour les récupérer à la fin de son mandat, après quatre ans de gestion présidentielle saine, neutre et parfaitement honnête à l'égard de ses intérêts privés, bien entendu.

[2] Elle ne fut pas seule à féliciter Pinochet pour avoir délivré le Chili des socialistes sanguinaires. Jean-Paul II -véritable esprit saint de la Trinité Thatcher-Reagan-Wojtyla- fit de même au cours de sa visite à Santiago, lorsqu’il bénit les troupes pinochétistes sous le regard larmoyant du très catholique général, auteur -d’après Varguitas- du "miracle" économique chilien, miracle dûment authentifié par Wall Street et la City en vue de la béatification du Saint Père.

[3] "Bien que mon propos soit de combattre et non d'expliquer le phénomène hégélien..." (K. Popper, Hegel et le néo-tribalisme, I.)

[4] "...Une des pires escroqueries intellectuelles de notre temps". (K. Popper, Hegel et le néo-tribalisme, VI). Ces mots, acceptables dans un pamphlet mais impensables dans un texte philosophique, pourraient être appliqués plutôt à l'œuvre de Vargas Llosa.

[5] Son cas rappelle le béguin d’Allen Ginsberg pour Che Guevara ("so cute"). L’Histoire ne raconte pas si Guevara se rendit devant les avances du poète américain. C’est peu probable. En revanche, c’est sûr que Fidel Castro n’a jamais aimé Varguitas ("so clever"), ni comme homme, ni comme romancier.

[6] "Le médiocre s’accouplant au médiocre, l’art romanesque de Vargas Llosa ne peut qu’engendrer du médiocre", pourrait-on dire en parodiant Socrate et Platon (La République, livre X).

[7] El País, quotidien qui a toujours été un glorificateur inconditionnel de Varguitas, sans doute parce qu'il appartient au même groupe multinational que ses éditeurs. On peut se demander ce que les 150 journalistes licenciés récemment par la Direction, pour des raisons de crise de la "Société Ouverte", pensent du silence ignoble, face à ce méfait, du "Marqués" Vargas Llosa (il fut anobli par le roi, ex-aequo avec l'entraîneur du Real Madrid Football Club, Vicente del Bosque.)

[8] "El Señor Lara", créateur des prix Planeta destinés à contrôler le marché littéraire hispanique, s'occupe de la besogne. Encouragé par Varguitas (lauréat frauduleux en 1992, la récompense de 50 millions de pesetas ayant été monnayée à l'avance entre le romancier et l’éditeur devant le silence complice de la presse espagnole), Lara forgea une nouvelle couronne -le prix "Casa de América"- pour neutraliser le prix cubain "Casa de las Américas". Aujourd'hui, el Señor Lara doit être plutôt inquiet parce que Varguitas vient  de créer, humblement, son propre prix, "Premio de Novela Mario Vargas Llosa", pour contrecarrer le prix Rómulo Gallegos, adjugé maintenant par le Venezuela  bolivarien.

[9] Parmi ces récompenses, le Irving Kristol Award offert par l'American Enterprise Institute, nid des néoconservateurs américains et vivier du think-tank de l'extrême-droite du Parti Républicain (et aujourd'hui, du "Tea Party"), qui conçut les horreurs du gouvernement de Georges W. Bush. Cette couronne tressée de dollars dont Varguitas fut ceint pour son appui à l'invasion criminelle de l'Irak ("To Mario Vargas Llosa, whose narrative art and political thought illumine the universal quest for freedom") devrait être un déshonneur et une honte pour tout démocrate honnête. De toute évidence, ce n'est pas le cas de Mario Vargas Llosa, qui ne semble connaître ni la honte ni l'honnêteté.
 

 

 


 

 

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"Ô Inca ! Ô roi infortuné et malheureux!"
    (BALZAC. Louis Lambert.)

 
He aquí un Inca del Perú, Mario Vargas Llosa. Pálido mestizo quechua (o, tal vez, lejano aymará), dotado de una vanidad inconmensurable (interpretó personalmente el papel de Ulises en una pieza de teatro escrita por él y para él), Vargas Llosa hubiera sin duda deseado bailar delante de Luis XV, en medio de los Indios galantes de Rameau… aunque no quiere mucho a los  indios. Shapras, huambisas, aguarunas son descritos casi como animales de la selva en La Casa Verde, novela aplaudida  y premiada en la España franquista, en 1965. Pero "Varguitas" (sobrenombre que adopta en una de sus novelas) es, por encima de todo, un propagandista de la "Open Society", cara a Karl Popper, de quien se dice discípulo.
 
Cualquiera persona que haya leído atentamente a Musil, Thomas Mann, Beckett, Sarraute, Yourcenar, Proust, Borges, Joyce, Steinbeck, Faulkner, Carpentier, Kafka, Herman Broch, Rulfo, Pessoa, etc., no puede sino interrogarse sobre el verdadero valor del escritor peruano,  cubierto de premios literarios y de honores de toda especie, incluso el premio Nobel. Sus glorificadores (a menudo novelistas fracasados, transformados en "brillantes" periodistas y viceversa) aprecian la ligereza de una prosa escrita al galope, más cercana a la prosa de la prensa escrita que a la alta literatura. Leer una novela de Vargas Llosa no es más trascendente que leer un diario. Ingurgitar sus ideas simplistas y mediocres, no es más complicado que tragar la ideología de las revistas "people". Esta es seguramente una de las claves que explican su éxito editorial y mediático en nuestra sociedad, donde el "éxito" ha llegado a ser una mercancía como otras y que no puede adquirirse, salvo excepción, sino confortando la médiocrité, como decía Balzac.

 En cuanto a su lenguaje, distinguido por el jurado del premio Nobel 2010, la lingüista Martha Hindelbrandt, profesora de la universidad  San Marcos de Lima, ha analizado, con un poco más de seriedad y de autoridad que los académicos del rey de Suecia, el español del laureado. La lingüista llegó a la conclusión que las numerosas carencias de su lenguaje, sembrado de "errores garrafales", son el resultado del nivel insuficiente de la educación que el escritor recibió durante su infancia. Pero, patriota peruana arrastrada por las olas mediáticas y nacionalistas en torno a Varguitas, ha terminado por conceder que un "genio" puede permitirse escribir mal y llegar a ser, pese a todo, Superacadémico de la Real Academia Española de la Lengua…Clisé confirmado y mentiroso que sirve a Vargas Llosa de pasaporte para cumplir con su tarea de representante comercial de la "Sociedad Abierta" y, cual un nuevo Papa, pontificar "urbi et orbi" la necesidad de santificar por la eternidad al capitalismo y enviar al socialismo definitivamente al fondo del infierno.

Hombre elegante, coronado "Man of the year 2011" por la revista Vanity Fair, encargó últimamente (según su rival, el novelista Alfredo Bryce Echenique) varias capas y trajes blancos al sastre oficial del Vaticano, con la esperanza de ser reconocido en cuanto "Papa de los ricos" y hacerse canonizar como "San Mario Vargas Llosa", pese a su ateísmo. En efecto, Varguitas no cree en Dios, aunque afirma que cuando escribe sus novelas, él es igual a Dios creando sus creaturas. A lo mejor, pensando en las ventajas que su eventual canonización podría traerle, va a transformarse en un católico fervoroso. Mientras tanto, hundido en  las profundidades metafísicas de su espíritu, comprobando todos los días (sentado en su WC, de mármol rosa) que la imagen divina que se hace de él mismo y su triste realidad corporal están bastante alejadas una de otra,  ha concluido que nosotros, los seres humanos, debemos vivir como si la muerte no existiera (pensamientos anotados en su diario íntimo, El País). De todas formas, la Muerte no le concierne porque, contrariamente a Gabriel García Márquez, él es Inmortal...

En lo que respecta a su formación literaria, las raíces de su conocimiento de la literatura francesa, conocimiento del cual se siente orgulloso, son develadas pérfidamente por su cortesano, el novelista neo-pinochetista Jorge Edwards. Con sorna camuflada en asombro, Edwards cuenta que se encontró con Vargas Llosa en 1962, cuando éste era periodista en Radio France Internationale. Varguitas, como un neófito, se declaraba deslumbrado y entusiasta por el descubrimiento, no (como se hubiera podido suponer por razones cronológicas) de Proust, Céline, Breton y los surrealistas, o de Beckett, Robbe-Grillet, Marguerite Duras, Claude Simon, Perec y el grupo Oulipo, Francis Ponge y los telquelianos, etc., sino de Victor Hugo, Dumas, Maupassant y, sobre todo, de Gustave Flaubert (con quien le gusta compararse), genios desconocidos que él se proponía sacar del olvido.

Pues bien, Flaubert, que escribía y reescribía veinte veces una frase antes de darse por satisfecho…para borrarla al día siguiente y recomenzar, estaría horrorizado de verse comparado con un novelista que escribe a la "va comme je te pousse" (como se empuja a los gansos, según el dicho flaubertiano) y cuyo talento consiste en ser capaz de escribir varias horas seguidas, sin cansarse. ¿Es posible comparar la prosa de Flaubert, cristalina y estructurada como un diamante, con la prosa de Vargas Llosa, sucia, opaca, quebrada como un vidrio golpeado por una ráfaga de viento? Para leer "Conversación en la Catedral" (novela considerada por sus aduladores como una obra maestra), el lector serio está obligado, si quiere juntar los pedazos de frases y sacar algo en limpio, a leer él también a la "va comme je te pousse" (échale pa'elante nomá), dejando de lado toda aspiración lógica. Aparentemente Varguitas, con la pretensión de "ser moderno", ha intentado copiar la prosa de Faulkner, tejida poéticamente con finas elipses a la Shakespeare ("The Sound and the Fury", "Absalom, Absalom!") o la prosa de Cortázar, suave y melodiosa como una composición de Miles Davis ("Rayuela"). Pero los grandes prosistas están muy por encima de su estilo, troceado como un steak de carne molida y destinado a ser consumido con rapidez, sin hacerse muchas preguntas sobre su origen. Indigestión asegurada…

Cierto, ha escrito algunos libros mejor trabajados y más coherentes que otros ("La tía Julia y el escribidor", "Elogio de la madrastra"), pero su estilo es, fundamentalmente, el de un reportero apurado, presionado por el tiempo. Balzac, quien en la época del "feuilleton" estaba obligado a escribir con rapidez, siempre se lamentó por no corregir sus textos como hubiera querido. Sin embargo, publicó entre 1832 y 1842 siete versiones diferentes de uno de sus "chefs-d'oeuvre", "Louis Lambert". Pero no cualquiera es Balzac, sobre todo Varguitas, mal comediante, desprovisto de verdadera humanidad.

De todos modos, la rapidez de Varguitas, que siempre ha sorprendido a sus admiradores y familiares, especialmente por el ruido que hacía con su máquina de escribir, le es muy útil cuando practica, sin vergüenza, el plagio. "La guerra del fin del mundo", plagio de "Os Sertoês", la novela del brasileño Euclides da Cunha, pillaje denunciado por José Saramago (premio Nobel 1998) es un claro ejemplo. Y también "La fiesta del Chivo", plagio de "The death of the goat", obra del periodista de Time Magazine, Bernard Diederich quien, al confirmar que Varguitas le había copiado estúpidamente incluso sus errores, intentó llevarlo delante de los tribunales ("unhappily, too expensive"). Un poco más sutil es el plagio de Flora Tristan en "El Paraíso en la otra esquina", pillaje, como el cometido contra Da Cunha (muerto en 1909), muy cómodo pues la genial revolucionaria está enterrada también desde hace mucho tiempo. Etc.

En el cerebro de Varguitas, el pillaje intelectual es necesario para la creación literaria que no sería, al fin de cuentas, sino "saqueo", "hurto", "robo" de la obra ajena, piratería, según él inevitable y, en su caso particular, perfectamente legal en nombre de su "genio". Esta es, más o menos, la tesis propuesta en "La Orgía Perpetua", ensayo sobre Flaubert que contiene su teoría personal de la novela. En realidad, el género novelesco, hoy día debilitado y decadente, se presta fácilmente al plagio, procedimiento que ha llegado a ser habitual y anodino, muy rentable si el escritor sabe disimularlo. [1] Varguitas, que no teme contradecirse (o, quizás, no se da cuenta de sus contradicciones) subraya también en este ensayo, el desprecio y el rencor de Flaubert contra las injusticias e iniquidades de la sociedad del siglo 19. Ahora bien, traicionando el pensamiento de Flaubert en un nivel moral y social, como lo traiciona en un nivel estético, Varguitas no saca las conclusiones que se imponen sobre la "Open Society" de nuestro tiempo, apenas más evolucionada que la sociedad capitalista decimonónica. La terrible crisis que vivimos a principios del siglo 21 es la prueba.

Vargas Llosa, novelista retrógrado y profundamente reaccionario, se estanca en su fascinación por los novelistas del pasado y esto en plena revolución cibernética, cuando emergen nuevas formas narrativas, post-novelescas, como el Intertexto, género plurilingüe y pluricultural, fundado sobre la honestidad intelectual. Todavía no ha comprendido (y no comprenderá jamás) la importancia del advenimiento de Internet, comparable, en muchos aspectos, con la invención de la imprenta. Claro, su edad avanzada (más de 80 primaveras) le ha hecho perderse un fenómeno crucial en la historia de la literatura, cuyas perspectivas revolucionarias le escapan completamente. ¡Tal vez cree que se trata de otra revolución comunista a denunciar y aplastar con urgencia!

Resumiendo, Varguitas reconoce en Internet a lo más un progreso técnico de la comunicación, pero no percibe su valor como instrumento de creación literaria, útil prodigioso que abre el camino hacia una nueva literatura, tanto más cuanto es la escritura que se sitúa en el centro de esta extraordinaria revolución tecnológica. No obstante, la estética anticuada y obsoleta de la obra de Vargas Llosa es una de las razones que explican por qué es tan fácilmente acogida por los lectores conservadores, formados dentro de los parámetros esclerosados de la lectura novelesca de antaño.

Por supuesto, los cortesanos de Vargas Llosa (entre ellos, desgraciadamente, jóvenes novelistas mistificados que sueñan con ser nuevos Varguitas y que imaginan que la literatura es una carrera a los premios, a los honores y al dinero), esos aduladores dirán que yo escribo llevado por los celos, la envidia, la frustración. ¿Qué otra cosa podrían decir sin descalificarse a sí mismos y enfrentarse cara a cara con su propia estulticia? El problema es de ellos. El mío es Varguitas en cuanto agente de la "Open Society", papel que endosó por cuenta  de las empresas multinacionales y de los banqueros, quienes lo enviaron a Chile durante la campaña presidencial de 2009/2010 para apoyar el regreso al poder de los neo-pinochetistas.[2]

El escudo "Gran-Escritor-Genial-Gran" que le ha forjado la prensa, le permite dejarse caer por todas partes donde la "Open Society" es amenazada y, como el mismísimo Captain America, mostrar su fuerza y su bravura masculina. Es mejor tomarlo en serio, porque  Varguitas es un auténtico macho, capaz de atacar con violencia cuando se trata de defender sus intereses…a puñetazos si es necesario. Como todo el mundo sabe, exhibió su virilidad golpeando brutalmente el rostro de Gabriel García Márquez, al término de una proyección cinematográfica privada en Ciudad de Méjico, en 1976. El novelista colombiano, harto mejor estilista (según los especialistas del boxeo y de la novela), no había hecho otra cosa que solidarizarse con la esposa y los hijos abandonados por Varguitas, quien se había escapado del hogar familiar corriendo como un hot-dog detrás de una top-model americana.[3] Ahora bien, su violencia como guerrillero anti-socialista lo ha ayudado en buena medida a ganarse la simpatía del jurado del premio Nobel acordado por la Academia del rey sueco, en un momento en que Suecia como Noruega y, en general, toda Europa, es sacudida y roída por la violencia de la extrema derecha neo-nazi.

Nada extraño entonces, que los primeros discursos y conferencias de prensa de Varguitas tras recibir el Nobel fueran consagrados no a la literatura, sino a insultar a la Presidenta de Argentina, Cristina Kichner ("tonta, vulgar, inculta"), al Presidente de Venezuela, Hugo Chávez ("un dinosaurio"), al Presidente de Ecuador, Rafael Correa ("un cangrejo"), al Presidente de Bolivia, Evo Morales ("indio analfabeto") y a burlarse del candidato a la presidencia del Perú (elegido, pese a todo, Presidente de la República Peruana), el humilde inca Ollanta Humala (votar por él o por la candidata fujimorista era como escoger "entre el cáncer o el sida".)

Sí ; Varguitas conoce bien su trabajo y sabe agradecer a sus patrocinadores, entre ellos, los 1300 banqueros de la "Federación Latinoamericana de Bancos" reunidos en Lima a fines de 2012. Los banqueros latinoamericanos y sus compinches venidos de todo el mundo, aplaudieron durante largos minutos la conferencia  ofrecida a la asamblea -con el corazón empapado de amor por sí mismo y con lágrimas de felicidad- por el Premio Nobel de Literatura 2010, don Mario Vargas Llosa…Business is business!
  

 [1] Como "plagiarist" Varguitas es superado por Bryce Echenique, mucho menos astuto que él y perseguido por la Justicia en Perú, al igual que su hijo, Alvaro Vargas y su discípulo novelista, Fernando Iwasaki .

 [2] Este es uno de los motivos que me han impulsado a escribir sobre Popper y Vargas Llosa.

 [3] Infiel en amor, Varguitas sabe traicionar en amistad cuando le conviene. Así, dejó caer a sus amigos catalanes, responsables en gran medida de su éxito editorial, para dar preferencia a los neo-franquistas madrileños, Aznar y Rajoy, enemigos de la Catalunya independiente.




AGGIORNAMENTO

(8/12/2019)

 





Viagras Llosa y sus muletas (Madrid 2020)







Las zancadillas de Vargas Llosa

Los años pasan, pero no Varguitas, que continúa haciendo de las suyas como Captain America después de su premio nóbel, cada vez más desprestigiado. Tras su adjudicación a Bob Dylan en medio del escándalo de las manipulaciones del jurado por parte de un dandy francés, Varguitas propuso que el siguiente fuera adjudicado… a un futbolista. No especificó si a Messi o a Cristiano Ronaldo. En ningún momento se acordó de que su propio premio también fue el fruto de una manipulación favorecida por la extrema-derecha sueca. Como tampoco se ha dado cuenta de que en su última novela -Tiempos Recios- revela inconsciente e involuntariamente el secreto de su "big-success" literario. Tiempos Recios, novelilla-reportaje (una más en su CV de reportero, elevada inmediatamente por sus turiferarios al nivel de obra maestra de la literatura universal), probablemente no fue escrita sino dictada a un magnetófono-secretaria-tacos aguja, y luego corregida, dentro de lo posible, por un Varguitas ya muy gagá. La calidad de su prosa, peor que la habitual, permite suponerlo. Cierto, también Borges dictaba sus microtextos cuando la ceguera le impidió escribir. Pero ir más lejos en la comparación del genio borgiano con la mediocridad estilística de Varguitas es un sacrilegio del cual me abstengo.

Mario Viagras Llosa (su nuevo apodo en los salones "chic"de Lima y del Madrid de Aznar, Botella & Coffee y de Rajoy, después de oficializar su concubinato con Isabel Peeling, la muy antigua "socialité" de Julio Iglesias y, entre otros, también del marqués Falcó y del ex Ministro de la Chaqueta Española, el ex-socialista, Boyer) se ha hecho una increíble zancadilla a sí mismo. En efecto, creyendo que su denuncia de los mecanismos mediáticos estadounidenses (cuya propaganda ideológica inventó el comunismo de la inocente Guatemala para poder invadirla y colonizarla mejor), equilibraría en América Latina su reputación de "hombre de derechas" (en el fondo, de extrema derecha), mostró, sin quererlo, la hilacha de su éxito como best-seller. En realidad, esas mismas fuerzas tóxicas y fraudulentas que consolidaron el poder de la United Fruit en Guatemala, lo transvistieron y maquillaron bonitamente para hacerlo pasar de escritor mediocre a novelista genial, defensor de la libertad contra el comunismo. Y, claro está, ejemplo a seguir en cuanto "living legend" (según la US Library of Congress Award) por las futuras generaciones de escritores hispanoamericanos… contrariamente al escritor castrista-comunista y enemigo de la democracia, García Márquez (no autorizado a ingresar en los EEUU, igual que el poeta comunista Pablo Neruda).

La inverosímil lista de premios y distinciones acordadas a Mario Viagras Llosa lleva el sello discreto de los servicios de la USA Ideological Publicity Agency (llamémosla asi). Son los publicistas de la Agencia quienes, como los periodistas que inventaron y falsificaron la imagen de Guatemala en provecho de la United Fruit, han hecho de él un paladín de la novela, destinada, más que nunca, a promover los valores de la sociedad "neo-liberal". En verdad, esa propaganda dirigida a los necios (que son legión) ha hecho de Varguitas un héroe de "comics", un Captain America encargado de defender los intereses del imperio estadounidense en el mundo de la literatura. Recientemente el diario español El País (especie de "journal intime" de Viagras Llosa, donde se publican todas sus sandeces) organizó en su homenaje un ranking de los mejores libros de comienzos del nuevo milenio, suponiendo que el jurado iba a coronar La Fiesta del Chivo (plagio de "The death of the goat", obra del periodista de Time Magazine, Bernard Diederich, no lo olvidemos), novela reeditada paralelamente a su versión teatral en Madrid. Algo no funcionó como previsto y Varguitas se encontró en cuarta posición, lejos, muy lejos del primero de la lista, mi fenecido compatriota y tocayo, Roberto Bolaño.

Este tipo de traspiés explica tal vez el pésimo aspecto que Viagras Llosa exhibe en sus últimas apariciones tv. Apoyado en un bastón con una mano y con la otra agarrándose firmemente de su "socialité" septuagenaria (manifiestamente preocupada por la mala imagen que su concubino aporta ahora a su revista de escándalos, dirigida magistralmente por ella, y a sus negocios consagrados a la belleza y al lujo), el
deteriorado Captain America delata, con sus mal disimuladas muecas de dolor, otra zancadilla que se hizo torpemente a sí mismo. El informe del hospital al cual fue llevado en ambulancia, señala que el héroe se cayó de culo en el palacete de la "socialité", quien lo alberga en calidad de "amigo del corazón" junto a una de sus hijas franquistas en un "ménage à trois" digno del  indio Huenchuyán (el muchacho se acostaba con una viuda y con la hija de ésta, sin saber con cuál de las dos gozaba en la oscuridad : lo importante  en este mundo no es con quién uno goza, lo importante es gozar,  se decía el indio, aunque nunca había leído a Wilhelm Reich).  La caída le causó a Varguitas una hinchazón fenomenal y un grandioso moretón en las asentaderas. Los médicos, admirados por el tinte violáceo del desbarajuste, le recetaron la ingestión de algunas aspirinas y también, por razones terapéuticas, le desaconsejaron defecar sentado en su tradicional trono de mármol rosa. En cambio, lo alentaron a hacer sus necesidades "a la turca", idealmente al aire libre. (Las malas lenguas cuentan que Vargas Llosa telefoneó inmediatamente a Estambul a su colega novelista, Orhan Pamuk, también premio nóbel y miembro del refinado Open Society Club, para preguntarle si conocía el procedimiento y si era obligatorio hablar en turco para practicarlo.)

Tiempos recios en realidad para el novelista. Si Varguitas no hubiera reído de satisfacción cuando el ministro de justicia de Bolsonaro, Sergio Moro, encarceló injustamente a Lula, el más grande dirigente democrático de Brasil, y no se hubiera felicitado por el golpe de Estado que derrocó a Evo Morales, el primer indio en gobernar eficiente y democráticamente a Bolivia, yo no me reiría de su percance, digno de una "casa de remolienda". Sebastián Piñera, en un Chile hoy día desvastado por su desastrosa presidencia neoliberal, no se ha privado de reírse del accidente doméstico de su compinche, patada en "el poto" (a la chilena) y suerte de castigo cósmico por su falta de humanidad y de modestia.

Vamos, mejor lo reconozco para que no me acusen de mentiroso : yo también confieso que he reído.

 

 




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