À propos de la mort du roman et de la naissance de l'intertexte.

 



Les mots en bleu foncé
font partie des paraphrases intertextuelles structurées autour du texte original de Bakhtine en bleu clair (Esthétique et Théorie du roman), repris en intertextualité dans le "Dialogue intertextuel avec Bakhtine".
 








Note 1
Toute chose nouvelle -l'intertexte- naît de la mort d’une chose ancienne -le roman- . Le rôle du plurilinguisme dans ce processus de la mort du mythe romanesque et des débuts lucides de l'intertexte,  a une importance singulière, à condition de comprendre le plurilinguisme comme la multiplicité non seulement des langages mais, avant tout, des langues.


Note 7
L’intertexte, c’est l’expression de la conscience einsteinienne du langage qui, rejetant l’absolutisme d’une langue seule et unique, n’acceptant plus de la considérer comme seule référence verbale et sémantique du monde idéologique, reconnaît la multiplicité des langues nationales et des langages sociaux. Il s’agit ici d’une révolution très importante, radicale, dans les destins du verbe humain : les intentions culturelles, sémantiques et expressives sont délivrées du joug d’une langue unique.


Note 9
Il faut apprendre à ressentir les visions du monde qui organiquement ne font qu’un avec le langage et la langue qui les exprime. Ce n’est possible qu’à une conscience qui participe organiquement à un univers d’éclairage mutuel des langages et des langues. Cela implique obligatoirement une intersection importante des langages et des langues dans une conscience donnée, participant de façon égale à ses quelques langages et langues.
Pour moi le langage concerne le contenu et la structure du texte (par exemple, le langage professionnel de l’avocat, du médecin, le langage littéraire du poète, etc.), tandis que la langue (français, russe, espagnol, bref, la « langue nationale ») correspond  au territoire linguistique qui accueille les langages tissés dans un texte.


Note 28
Même l’argument de l’intertexte est soumis au problème de corrélation et de découverte mutuelle des langues… comme c’est le cas dans La Guérison, le cinquième livre des « Phases de la Guérison ».
 
Note 29
Dans l’intertexte se réalise la reconnaissance de sa propre langue dans une langue étrangère, la reconnaissance, dans la vision du monde d’autrui, de sa propre vision.
 
Note 33
À la place du monde linguistique newtonien, figé et fermé, apparaît le monde einsteinien, ouvert, avec ses langages et ses langues multiples, s’éclairant en se relativisant les uns les autres.
 
Note 47
L’intertexte pris comme un tout, c’est un phénomène plurilingue, pluristylistique,  plurivocal.
Le tout c’est de s’entendre sur ces termes, spécialement sur celui de « plurilinguisme ». Pour l’intertexte le plurilinguisme consiste, avant tout, dans l’éclairage réciproque des langues nationales entre elles (La Guérison), en plus de la simple confrontation des langages « sociaux» à l’intérieur d’une même langue nationale, comme c’est le cas pour le roman.
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