Les mots en couleur foncée font partie des paraphrases structurées autour du texte original de Bakhtine en clair (Esthétique et Théorie du roman), repris en intertextualité dans le "Dialogue intertextuel avec Bakhtine".
Note 82
Il faut que le plurilinguisme envahisse la conscience culturelle et son langage, qu’il le pénètre jusqu’au noyau, qu’il relativise et dépouille de son caractère naïvement irréfutable le système linguistique initial de l’idéologie et de la littérature. Mais c’est encore peu. Même une collectivité déchirée par la lutte sociale, si elle est close et isolée sur le plan national, offre un terrain social insuffisant pour une relativisation profonde de la conscience littéraire et linguistique, pour sa restructuration sur un nouveau mode de prose, la prose intertextuelle.
Note 83
Par conséquent l’Europe (et son plurilinguisme continental) est le meilleur des milieux linguistiques pour le développement de l’intertexte.
Note 84
C’est, jusqu’un certain point, le rôle de l’intertexte dans l’Europe unifiée et plurilingue du début du troisième millénaire. Non seulement les frontières économiques et sociopolitiques iront en s’affaiblissant, mais aussi les barrières linguistiques.
Note 86
Donc, l’intertexte est nécessaire et même inéluctable dans l’Europe unifiée d’aujourd’hui. Il contribuera au dépassement non seulement de la pensée romanesque et de sa mythologie, mais aussi des barrières du nationalisme.
Note 87
Il faut que se désintègre et disparaisse l’autorité religieuse, politique et idéologique à laquelle la pensée romanesque est liée. Au cours de cette désagrégation mûrit la conscience linguistique décentralisée de la prose intertextuelle, appuyée sur le plurilinguisme social des langues nationales parlée et écrites. La résistance entêtée de l’autorité religieuse, politique et idéologique à laquelle la pensée romanesque est liée, explique la longue agonie du roman comme genre littéraire.