"Nous devons nous rendre multilingues, donc rendre nos textes multilingues... Imaginons un roman par lettres dans lequel certains correspondants écriraient en japonais, d'autres en français ou en anglais. Ceux qui connaîtraient les deux ou trois langues pourraient lire la totalité. Pour les autres, il faudrait des traductions différenciées. Notre situation linguistique implique une transformation prochaine radicale de tous les genres littéraires..."
 Michel Butor, Improvisations sur Michel Butor - L'écriture en transformation, La Différence, 1993.

Couverture : Salvador Dali, Virgil's last words, aquarelle, 1953. Couverture : Salvador Dali, Virgil's last words, aquarelle, 1953.

La nouvelle version de La Guérison, publiée par Create Space (USA), se présente explicitement et sans équivoque, comme un intertexte et non plus comme un roman (Éditions de la Différence, Paris, 2000).

Dans La Guérison, le lecteur est confronté, d'entrée du jeu, au défi du plurilinguisme intertextuel. Dans le cas précis de cette "nouvelle Divine Comédie", les langues utilisées sont le français, l'italien, l'espagnol, l'anglais, mais aussi -épisodiquement- le latin et le mapudungún, la langue des indiens mapuches de l'Araucanie chilienne. Cette "comédie linguistique" ne requiert pas de traductions, lesquelles ne feraient qu'amoindrir son effet esthétique, mais le récit en français "vulgaire", dominant par rapport aux autres narrations, est parfaitement cohérent et il peut être suivi comme un roman ordinaire. En tout cas, le lecteur "monolingue" peut accéder à l'intégralité de l'histoire de La Guérison en faisant appel à De l'éloquence en langue d'oïl, petit glossaire conseillé par Michel Butor où les textes écrits dans les langues autres que le français, sont traduits en "langue d'oïl"...  telle qu'elle est parlée dans la France du début du troisième millénaire.

 

 

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