Chantal
Les mots en couleur foncée font partie des paraphrases structurées autour du texte original de Bakhtine en clair (Esthétique et Théorie du roman), repris en intertextualité dans le "Dialogue intertextuel avec Bakhtine".
Note 110
L’intertexte contient non pas une seule langue mais plusieurs qui, rassemblées, forment une unité purement stylistique et nullement linguistique…
Note 113
L’analyse stylistique de l’intertexte ne peut être productive hors d’une compréhension profonde du plurilinguisme, du dialogue des langages et des langues d’une époque donnée.
Note 114
À notre époque, où le plurilinguisme est le plus vigoureux, où la collision et l’interaction des langages et des langues sont particulièrement tendues et fortes, où le plurilinguisme investit les langages et les langues de tous les côtés, c’est-à-dire à cette époque si favorable à l’intertexte….
Les mots en couleur foncée font partie des paraphrases structurées autour du texte original de Bakhtine en clair (Esthétique et Théorie du roman), repris en intertextualité dans le "Dialogue intertextuel avec Bakhtine".
Note 99
Je le répéterais autant que nécessaire : c’est justement grâce à l’intertexte que les langages et les langues s’éclairent mutuellement, que le langage littéraire devient un dialogue de langages et de langues, se connaissant et se comprenant les uns les autres.
Note 102
Voici, Maître, ma propre formule : l’intertexte doit être le reflet intégral et multiforme de son époque. Dans l’intertexte doivent être représentées toutes les voix socio-idéologiques de l’époque, autrement dit, tous les langages et langues tant soit peu importants de leur temps. L’intertexte est le microcosme du plurilinguisme.
Les mots en couleur foncée font partie des paraphrases structurées autour du texte original de Bakhtine en clair (Esthétique et Théorie du roman), repris en intertextualité dans le "Dialogue intertextuel avec Bakhtine".
Note 82
Il faut que le plurilinguisme envahisse la conscience culturelle et son langage, qu’il le pénètre jusqu’au noyau, qu’il relativise et dépouille de son caractère naïvement irréfutable le système linguistique initial de l’idéologie et de la littérature. Mais c’est encore peu. Même une collectivité déchirée par la lutte sociale, si elle est close et isolée sur le plan national, offre un terrain social insuffisant pour une relativisation profonde de la conscience littéraire et linguistique, pour sa restructuration sur un nouveau mode de prose, la prose intertextuelle.
Note 83
Par conséquent l’Europe (et son plurilinguisme continental) est le meilleur des milieux linguistiques pour le développement de l’intertexte.
Note 84
C’est, jusqu’un certain point, le rôle de l’intertexte dans l’Europe unifiée et plurilingue du début du troisième millénaire. Non seulement les frontières économiques et sociopolitiques iront en s’affaiblissant, mais aussi les barrières linguistiques.
Note 86
Donc, l’intertexte est nécessaire et même inéluctable dans l’Europe unifiée d’aujourd’hui. Il contribuera au dépassement non seulement de la pensée romanesque et de sa mythologie, mais aussi des barrières du nationalisme.
Note 87
Il faut que se désintègre et disparaisse l’autorité religieuse, politique et idéologique à laquelle la pensée romanesque est liée. Au cours de cette désagrégation mûrit la conscience linguistique décentralisée de la prose intertextuelle, appuyée sur le plurilinguisme social des langues nationales parlée et écrites. La résistance entêtée de l’autorité religieuse, politique et idéologique à laquelle la pensée romanesque est liée, explique la longue agonie du roman comme genre littéraire.
Les mots en couleur foncée font partie des paraphrases structurées autour du texte original de Bakhtine en clair (Esthétique et Théorie du roman), repris en intertextualité dans le "Dialogue intertextuel avec Bakhtine".
Note 48
Le style de l’intertexte, c’est un assemblage de styles; le langage de l’intertexte, c’est un système où les « langues » jouent un rôle novateur. Mais dans l’intertexte on ne fait pas l’amalgame entre « langue » et « langage ». Malheureusement, Maître, l’usage de ces deux termes en tant que synonymes ouvre la porte à des ambigüités très fâcheuses.
Note 49
L’intertexte c’est la diversité sociale de langages et de langues, diversité littérairement organisée. Ses postulats indispensables exigent que les langues nationales se stratifient en dialectes sociaux.
Note 51
Comme c’est le cas pour « langue » et « langage », nous n’avons pas de définitions précises pour des termes tels que « multilinguisme », « plurilinguisme », « polylinguisme », utilisés souvent comme synonymes.
Note 52
Nous n’envisageons pas non plus la langue comme un système de catégories grammaticales abstraites, mais comme une langue idéologiquement saturée, comme une conception du monde, voire comme une opinion concrète, comme ce qui garantit un maximum de compréhension mutuelle dans toutes les sphères de la vie idéologique.
Heidegger voyait dans l’allemand moderne et le grec classique les langues par excellence de la philosophie. Le français a été considéré jusqu’au XXe siècle comme la langue de choix de la diplomatie. (Au XIIIe, Dante considérait la « langue d’oïl » comme la langue la plus appropriée à la prose). L’anglais est devenu la langue préférée des businessmen et, maintenant, la langue de référence du monde cybernétique. Etc.
Note 57
Pour éclairer un monde étranger, le poète ne recourt jamais au langage d’autrui comme plus adéquat à ce monde. Nous verrons que le prosateur intertextuel, quant à lui, tente de dire dans le texte et même dans la langue d’autrui, ce qui le concerne personnellement.
Note 60
Tous les langages et toutes les langues du plurilinguisme intertextuel sont des points de vue spécifiques sur le monde. Ils se rencontrent et coexistent dans la conscience créatrice de l’artiste intertextuel…
Note 61
Des relations dialogiques (particulières) sont possibles entre les « langues », quelles qu’elles soient, ce qui signifie qu’elles peuvent être perçues comme des points de vue sur le monde.
Note 63
Le langage littéraire est un phénomène profondément original, comme aussi la conscience linguistique de l’homme doté de culture littéraire, qui lui est corrélatée. En lui, la diversité intentionnelle des textes devient diversité des langages et des langues. Il ne s’agit pas d’un langage, d’une langue, mais d’un dialogue des langages et des langues.
Note 64
A tous les âges de la littérature historiquement connus, la conscience littérairement active découvre des langages et des langues et non pas un langage et une langue.
Note 69
La plurivocalité et le plurilinguisme intertextuel entrent dans l’intertexte et s’y organisent en un système littéraire harmonieux.
Note 71
C’est précisément la diversité des langues et non l’unité d’une langue commune normative, qui apparaît comme l’un des éléments décisifs du style intertextuel. Ici le plurilinguisme intertextuel ne dépasse pas les limites de l’unité linguistique du langage littéraire, il ne devient pas une véritable discordance.
Note 72
Ce jeu avec les langues n’atténue en aucune façon l’intentionnalité générale profonde, autrement dit, la signification idéologique de l’intertexte, produit multiculturel par excellence.
Note 73
Une autre forme d’introduction dans l’intertexte et d’organisation du plurilinguisme est utilisée dans chaque intertexte, sans exception : il s’agit des paroles des personnages, des paroles d’autrui dans une langue étrangère.
Note 75
Mais précisément parce que l’idée d’une langue unique est étrangère à la prose intertextuelle, la conscience prosaïque doit orchestrer ses intentions sémantiques propres. C’est seulement dans une seule langue, au sein des langues nombreuses du plurilinguisme, que la conscience prosaïque se trouve à l’étroit ; une sonorité linguistique unique ne peut lui suffire.
Note 76
Le plurilinguisme introduit dans l’intertexte, c’est le discours d’autrui dans le langage et même dans la langue d’autrui, servant à réfracter l’expression des intentions de l’auteur.
Note 78
La prose de l’art littéraire intertextuel présuppose une sensibilité à la concrétion et à la relativité historiques et sociales de la parole vivante, de sa participation aux multiples langues, au devenir historique et à la lutte sociale.
Note 79
C’est ce qui détermine la visée tout à fait spéciale, contestée, contestable et contestant, du discours intertextuel : il ne peut, ni naïvement, ni de manière convenue, oublier ou ignorer les langues multiples qui l’environnent… comme c’est, d’ordinaire, le cas du roman.
Les mots en bleu foncé font partie des paraphrases intertextuelles structurées autour du texte original de Bakhtine en bleu clair (Esthétique et Théorie du roman), repris en intertextualité dans le "Dialogue intertextuel avec Bakhtine".
Note 1
Note 7
Note 9
Pour moi le langage concerne le contenu et la structure du texte (par exemple, le langage professionnel de l’avocat, du médecin, le langage littéraire du poète, etc.), tandis que la langue (français, russe, espagnol, bref, la « langue nationale ») correspond au territoire linguistique qui accueille les langages tissés dans un texte.
Note 28
Note 29
Note 33
Note 47
Le tout c’est de s’entendre sur ces termes, spécialement sur celui de « plurilinguisme ». Pour l’intertexte le plurilinguisme consiste, avant tout, dans l’éclairage réciproque des langues nationales entre elles (La Guérison), en plus de la simple confrontation des langages « sociaux» à l’intérieur d’une même langue nationale, comme c’est le cas pour le roman.
Extrait de "Bakhtine, le roman et l'intertexte", essai publié à Sens Public (décembre 2012).
[1] « Le roman c’est la diversité sociale de langages, parfois de langues et de voix individuelles…» (Cela donne : « Roman-eto, xudorzestvennu organizovannoe sotzialnoe raznorechie, inogda raznojazychie…») Bakhtine. Du discours romanesque, tel gallimard, p. 88)
[2] Madame Alexsandra Nowakowska, Maître de Conférences à l’université de Montpellier 3, exégète des manuscrits de Bakhtine, a remarqué que le savant russe utilise au début de son œuvre le mot jazik, mais que peu à peu il va donner préférence au mot rech’. Elle signale aussi la cacophonie linguistique générale autour de polyphonie, plurilinguisme, polyglottisme, etc. Dialogisme et Polyphonie, in Cairn info, pdf. 2007
[3] Grosso modo (molto), Saussure considérait le langage comme une "faculté" de l’individu et la langue comme le produit de la communication collective.
[4] Esthétique et théorie du roman. Bakhtine. Du discours romanesque, tel gallimard, p.95
[5] Mikhaïl Bakhtine. Le principe dialogique. Tzvetan Todorov. Seuil. 1971.
[6] « …ces limites (de la pensée de Bakhtine) : psychologisme, manque d’une théorie du sujet, analyse linguistique rudimentaire, impact inconscient du christianisme dans un langage humaniste (il est constamment question de l’ "âme" et de la "conscience" des héros), restreignent-elles l’intérêt du texte bakhtinien à la seule attention des archivistes et des musées littéraires? Nous ne le croyons pas… » La Poétique de Dostoïevski. Présentation de Julia Kristeva (Une poétique ruinée). Éditions du Seuil, 1970. C’est lapidaire de la part de Madame, qui néanmoins "inventa" le mot "intertextualité" à partir du concept de "dialogisme" définit par Bakhtine, sans en tirer les vraies conséquences qui auraient pu la conduire jusqu’à l’intertexte.
[7] Georges Gurdjieff aurait dit "docteur hassnamousien". Or les obscurologues traitent Gurdjieff lui-même d’ "obscurantiste" ou bien d’ "illuminé". En ce qui concerne l’Obscurologie, il s’agit d’une science très chic. Elle consiste à occulter avec préciosité et dans un langage aussi soigné qu’inintelligible, une ignorance exquise.
[8] «Le roman s’est formé et a grandi précisément dans ces conditions d’activité aiguë du plurilinguisme interne et externe. C’est son élément naturel ». Bakhtine. Récit épique et roman, tel gallimard, p 449.
[9] «Les langages ne s’excluent-ils pas les uns les autres, ils s’intersectent de diverses façons (langage de l’Ukraine, du poème épique, du début du symbolisme, de l’étudiant, des enfants, de l’intellectuel moyen, du nietzschéen, etc.) » Bakhtine. Du discours romanesque II. Id. p 113.
«Le style du roman, c’est un assemblage de styles ; le langage du roman, c’est un système de « langues ». Bakhtine. Du discours romanesque I. Id. p. 88.
«…à l’intérieur d’une langue nationale multilingue »… Bakhtine. Du discours romanesque I. Id. p. 95.
La vraie connaissance de la psyché nous vient de la sagesse orientale. Sri Aurobindo, auteur de commentaires d'une extraordinaire finesse sur la Bhagavad-Gîtâ, disait qu'utiliser la psychanalyse freudienne pour comprendre le psychisme humain, c'est comme se servir d'une lampe de poche pour éclairer une caverne obscure et sans fond. En termes d’épistémologie occidentale on pourrait dire, analogiquement, que la psychanalyse comme théorie de la psyché ne va pas plus loin que la physique de Newton lorsque celle-ci veut expliquer, avec la mécanique classique, valable dans le monde du sensible, les phénomènes de l'infiniment grand et de l’infiniment petit, là où la théorie de la relativité et de la physique quantique sont beaucoup plus éclairantes. Carl Jung, le disciple dissident de Freud, perçut et apprécia (comme, avant lui, Leibniz ou Schopenhauer) l'importance de la sagesse "psychologique" forgée en Orient, mais sa vision est périphérique, éloignée d'une réalité qui ne peut pas être observée et comprise à travers les concepts métaphysiques en vigueur en Occident. Gurdjieff, qui consacra de nombreuses années à l'exploration de la connaissance orientale, formula une psycho dynamique révolutionnaire (décrite dans les Fragments d'un enseignement inconnu par son disciple, le mathématicien P.D. Ouspensky) qui permet de comprendre une grande quantité de phénomènes psychiques qui restent inexplicables d'un point de vue freudien.
(Lire ci-dessous le PDF "Freud / Gurdjieff", IV, 2, in Portrait d'un Psychiatre Incinéré)
La Société des Hommes Célestes est un Faust qui s'inscrit dans la longue liste des Faust écrits entre 1587 (Das Volksbuch von Dr Faust) et les textes plus récents, parmi eux, ceux de Thomas Mann et de Paul Valéry, ainsi que les Faust classiques de Marlowe, de Goethe, de Lenau, etc. L'axe du récit est la recherche universelle et faustienne de la connaissance et du plaisir qui commence déjà dans l'enfance de tout être humain. Dans le cas du protagoniste de ce Faust latino-américain, la quête commence au Kindergarten et se poursuit au collège privé religieux, au lycée, à l'École Militaire, à la Faculté de médecine et à la Faculté de philosophie, parallèlement à l'apprentissage de l'amour avec les nombreuses Marguerite qu'il croise dans son existence. Le résultat d'une si "bonne éducation" est la paranoïa du héros, lequel se croit poursuivi par la Société des Hommes Célestes, secte qu'il prétend dénoncer dans un livre d'un genre narratif nouveau : l'intertexte, son invention faustienne.
(Réédition par Create Space USA, Amazon.com, 2012)
Edipo Rojo pone en relación la tragedia clásica de la antigua Grecia y la tragedia de la América Latina moderna, ensangrentada por las luchas contra las dictaduras militares del siglo XX. La obra pone el acento en la vertiente dionisíaca de la tragedia de la Antigüedad, cuando la música y los cantos jugaban un papel muy importante para el éxito de las representaciones populares. El texto de Edipo Rojo ha sido escrito en intertextualidad con las piezas de Sófocles, de Eurípides y de Esquilo, acercándose estéticamente a la frontera entre el teatro y el cine.