Chantal

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RÉVOLUTION DANS LE MONDE DE L’ÉDITION LITTÉRAIRE

L’un des éléments qui permet de reconnaître un processus révolutionnaire est le changement du centre de gravité des évènements en question. Dans le monde de l’édition, le développement des nouvelles technologies électroniques est en train de changer, entre autres, le centre de gravité de l’édition littéraire traditionnelle. Rappelons-nous du fonctionnement des maisons qui ont fait leurs preuves tout au long du XXe siècle, telles Gallimard, Flammarion, Grasset, etc. Un auteur envoie son manuscrit à l’une de ces maisons réputées pour leur sérieux. Dans le meilleur des cas, si le manuscrit n’est pas laissé de côté après une succincte et parfois capricieuse première révision, il passe sous les yeux d’un lecteur “professionnel” puis, si celui-ci croit y trouver une valeur littéraire, il passe sous les yeux d’un deuxième et, s’il n’y a pas d’accord entre eux, il passera sous les yeux d’un troisième, processus qui peut durer des mois, voire des années. Ensuite, un comité de lecture est appelé à se prononcer sur l’intérêt de sa publication compte-tenu du prestige de l’éditeur, de l’état du marché et du prix de l’opération. Rien de plus sensé dans un monde où une maison d’édition est une entreprise comme une autre et que, comme telle, elle doit réussir économiquement ou périr.

La Société des Hommes Célestes - p.33/34

La vérité c’est que pour atteindre mon but, je suis prêt à conclure un pacte avec Belzébuth lui-même. A cet effet, j’ai proposé au Docteur M. un pacte que j’ai rédigé en plusieurs langues afin de lui garantir une validité internationale :

  –PACTE–

 

Moi, déclaré ‘fou’ par la Psychiatrie Céleste, je requiers les services du Docteur M. pour les raisons suivantes :

First : Je veux faire une grande œuvre, un livre73 d’un genre nouveau, afin de dénoncer la Société des Hommes Célestes.

Secondly : Etant donné que c’est l’amour de la Vérité qui fait mon tourment (‘Die Liebe für die Wahrheit ist mein Schmerz’)74, je prie le Docteur M. de me conduire vers la Vérité afin que je puisse contempler le portrait véridique de la Société précitée.

Thirdly : I am wanton and lascivious and cannot live without a hot whore. So, sweet Doctor M., fetch me one, for I will have one. (I’ll no wife!)75

Fourthly :
Je veux la jeunesse !
A moi les plaisirs,
Les jeunes maîtresses !
A moi leurs caresses !
A moi leurs désirs !
A moi l’énergie
Des instincts puissants,
Et la folle orgie
Du cœur et des sens !
Ardente jeunesse,
A moi tes désirs,
A moi ton ivresse,
A moi tes plaisirs !... 76

Lastly : Und dafür soll mein sein alle Macht und Herrlichkeit der Welt.77

–Voici le pacte !–78 annonçai-je aujourd’hui au Docteur M. lorsqu’il apparut dans ma chambre.

La Société des Hommes Célestes - p.437/438

 –Mon livre n’est pas un roman– corrigeai-je une fois de plus. –C’est un intertexte. Mais, si je rechute, j’essaierai la prochaine fois de vivre mon ‘délire’, comme vous dites, en termes de Divine Comédie. Imaginez un instant : au lieu d’être Faust, je serai Dante. Margaret sera Béatrice. Et vous, Virgile. Je donnerai à l’intertexte la forme d’une pyramide, divisée en trois parties, comme le poème dantesque. La première, la base, sera la plus obscure et la plus heurtée, et elle correspondra à l’Enfer. La seconde, lumineuse  mais abrupte, au Purgatoire. Et la troisième, la plus éclairée et la plus véloce, sera le Paradis Terrestre, alors que le sommet de la pyramide se contentera de signaler modestement, telles les petites flèches des tableaux de Paul Klee, le Paradis Céleste. D’ailleurs, j’écrirai cet intertexte en plusieurs langues pour me libérer, entre autre, de l’emprise de la Langue Céleste, emprise favorisée par le monolinguisme qui caractérise le roman.
–Bravo ! De mieux en mieux !– s’écria Wagner. –Pouvez vous nous expliquer comment vos intertextes polyglottes seront traduits ?
–Les intertextes ne se traduisent pas, Wagner. Les intertextes se ré-écrivent dans d’autres langues, tout en incorporant des nouveaux jeux intertextuels permis par les nouvelles langues utilisées. Ainsi le traducteur cessera d’être un simple transcripteur de textes et deviendra un écrivain d’un niveau comparable à celui de l’auteur ‘originel’.

La Société des Hommes Céleste - p.108/109

Notre professeur de castillan –le ‘Señor Tolosa’– un linguiste polyglotte qui allait par la suite devenir abbé de l’Ordre de Saint Benoît à Santiago, nous avait lu en classe une nouvelle extraordinairement drôle et vivante. Ravi par l’histoire, je m’étais approché du professeur après le cours pour le prier de me prêter son livre car je voulais lire toutes les autres nouvelles. «Tiens ! –me dit-il avec des yeux rieurs–. Je te le prête si tu peux vraiment le lire». Et il me montra son livre écrit dans une langue pour moi inconnue et illisible. C’était du russe et l’auteur, Tchékhov ! La magie enchanteresse du récit, le mystère des langues interchangeables, l’excellence de la littérature comme source de connaissance et de plaisir, marquèrent immédiatement et pour toujours mon esprit. Par la suite je voulus, moi aussi, écrire des récits à la Tchékhov, mais je dus me contenter de quelques contes et poèmes maladroits et des exercices de composition castillane, où je m’amusais à réécrire à ma guise –en bouleversant leur structure– les textes qu’on nous lisait en classe.

La Guérison - p.19/20

 

"...C'est ce que je raconte dans un cahier écrit à l'hôpital et dont je t'offre ici, lecteur, quelques fragments rédigés en français et en espagnol, saupoudrés d'un peu d'anglais et d'italien, avec quelques pincées de latin et d'araucan, le tout agrémenté par les souvenirs de ma vie médiévale.

 Sans doute seras-tu étonné par cette pizza linguistique. L'explication est pourtant simple. Elle est contenue dans De Vulgari Eloquentia l'un de mes plus importants écrits théoriques. Dans cet essai, que j'ai rédigé au début du XIVe siècle, je reconnais que la langue d'oil est la plus adéquate pour écrire en prose vulgaire("Allegat ergo pro se lingua oi'l quod propter sui faciliorem ac delectabiliorern vulgaritatem quicquid redactum est sive inventurn ad vulgare prosaycum, suurn est1... "), tandis que la langue d'oc et, en particulier, la langue du si (le toscan, auquel je me permettrai d'ajouter, avec le recul que me donne cette réincarnation, le castillan) sont les plus appropriées à la poésie. Donc, dans cette nouvelle Comédie tout ce qui concerne la poésie est écrit soit en italien (toscano), soit en espagnol (castellano), et tout ce qui concerne le récit en prose est rédigé principalement en français, et parfois en anglais, langue du (ja ou yes),hypocritement romanesque mais excellente pour englober et occulter tout type d'obscénités. N'aie pas peur, lecteur. Aujourd'hui toute hôtesse de I'air parle plusieurs langues. Alors toi, intellectuel de haut vol, tu peux faire pareil. Toutefois, pour le cas où tu ne pourrais lire qu'une seule langue, je te laisserai en bas de page quelques notes qui renvoient à mon œuvre, surtout à ma première Commedia dont le texte sert de guide à celui-ci et, en quelque sorte, de langue de référence à toutes les autres. C'est une façon inédite d'écrire et de lire qui se situe - enfin ! - au-delà du  roman, mais ce n'est pas plus compliqué que de jouer avec un hypertexte sur un ordinateur, tu en auras vite la confirmation.

 Encore une petite précision linguistique avant d'entrer carrément dans l'Enfer. J'ai bien choisi d'écrire en français  "vulgaire" et non en français châtié (franc-latin ou franc-bourgeois), langue de choix des clercs et des romanciers-parisiens de cette fin de siècle. Comme plus d'un linguiste l'a déjà remarqué, le français dit  "littéraire"  risque, à l'instar du latin, de devenir, par excès de maniérisme, une langue morte. Justement, si j'ai écrit ma première Commedia en toscan (la langue "volgare"  à l'époque où j'étais Florentin) et non en latin, c'est parce que toute langue "vulgaire" est, par  définition, plus vivante et riche que les langues censurées et torturées par les Inquisitions Académiques. Alors, lecteur, fais-moi grâce de quelques subjonctifs guindés que tu découvriras par-ci, par-là, et de ma tendance hispano-araucanienne à me servir du passé simple à la place du passé composé (forme verbale habituelle de la langue parlée des Gaulois), et permets-moi de te guider à travers ce qui au début te paraîtra une selva oscura textuelle, mais dont la lecture deviendra progressivement - suivant les rythmes eschatologiques de l'Enfer, du Purgatoire et du Paradis - moins saccadée, plus claire et plus rapide.

 
Bref. Voici les premiers fragments du manuscrit écrit à l'hôpital psychiatrique, que tu peux lire aussi, si ton imagination le préfère, comme une comédie où les acteurs sont - par delà les personnages - les textes et les langues elles-mêmes, celles-ci jouant, chacune à son tour, un rôle bien spécifique. Ainsi, le français joue le rôle de la langue populaire ; l'espagnol, celui de la langue de la folie (Don Quichotte) et, simultanément, le rôle de la langue de la psychothérapie (Sancho Panza); l'anglais, le rôle de la langue vénale des "businessmen" ; l'araucan et le latin, le rôle des acteurs comiques ; finalement, l'italien joue le rôle de la langue la plus noble et poétique de toutes, la langue maternelle ... "

La Guérison parachève la pentalogie, œuvre non linéaire puisque chacun des livres qui la composent est indépendant et peut être lu avant ou après les autres. D'un point de vue narratif, La Guérison est une sorte d'autobiographie fictive de Dante Alighieri, réincarné au XXème siècle sous les traits d'un indien araucan lequel -devenu fou à cause de la trahison amoureuse de son amie américaine- se prend pour le poète toscan. Le texte est développé en plusieurs langues: le français pour le récit « autobiographique » central, l'anglais pour les répliques de la Béatrice américaine, le castillan (langue de Don Quichotte et de Sancho) comme support du délire et de la psychothérapie et, enfin, l'italien pour les citations et les transpositions de l’œuvre de Dante, le tout saupoudré d'expressions en latin et en araucan, langues qui jouent le rôle de « clowns » de cette comédie linguistique. Ainsi, la dernière et plus fermée des frontières du roman -le monolinguisme- est dépassé, ouvrant un passage vers un nouveau genre narratif, l'intertexte. Celui-ci -multilingue, multithématique, multitextuel- produit de l'évolution technique et culturelle de notre société, devient ainsi la guérison du roman -monolingue, monothématique, monotextuel- genre littéraire aujourd'hui moribond et, en tout cas, inefficace face aux nécessités de notre époque, dans laquelle l'écriture et la lecture électroniques commencent à dépasser l'ère de l'imprimerie, cette même imprimerie qui permit, il y a cinq siècles, de dépasser l'épopée en vers, laborieusement calligraphiée, pour aboutir au roman en prose.

"Nous devons nous rendre multilingues, donc rendre nos textes multilingues... Imaginons un roman par lettres dans lequel certains correspondants écriraient en japonais, d'autres en français ou en anglais. Ceux qui connaîtraient les deux ou trois langues pourraient lire la totalité. Pour les autres, il faudrait des traductions différenciées. Notre situation linguistique implique une transformation prochaine radicale de tous les genres littéraires..."

 

Michel Butor, Improvisations sur Michel Butor - L'écriture en transformation, La Différence, 1993

Cet article fait partie des  "Pamphlets Parisiens" livre publié par CS Amazon (juin 2014)

 

Mario Vargas Llosa s’est rendu à Santiago, en décembre 2009, entre les deux tours de l'élection présidentielle, afin d’intervenir dans la vie politique du Chili. Il s'est déplacé non pas pour défendre la démocratie, car le gouvernement de Michelle Bachelet a été et restera un modèle du genre en Amérique latine, mais pour appuyer Sebastián Piñera, candidat des néo-pinochétistes et l'un des hommes les plus riches du continent. Réplique chilienne de Berlusconi, Piñera est propriétaire, entre autres, d'une chaîne TV, d'un club de foot, d'une compagnie aérienne (LAN) et de 115.000 hectares de terres appartenant, en principe, aux Indiens Huilliches. Investissant d’immenses sommes d'argent dans sa campagne, et profitant de la division d’une gauche usée par vingt ans de gouvernement, il gagna l'élection malgré ses démêlés judiciaires (faillite de la Banque de Talca et disparition de 250 millions de dollars alors qu’il en était le directeur; délit d'initié dans la vente de ses actions en Bourse; association illicite de pharmacies dont il était actionnaire) et, encore, ses carambouillages aux États-Unis (amende de 88 millions de dollars à LAN-Cargo pour concurrence déloyale et atteinte à la "freedom" commerciale en collusion avec EL AL et ABSA), etc.,[1] Voici un rapide profil du politicien auquel Vargas Llosa apporta son appui comme Captain America de la société capitaliste, pour le remercier des importants investissements consentis par Piñera au Pérou (LAN-Pérou), mais aussi pour encourager la formation d'un axe régional contre la république bolivarienne du Venezuela.

 Il est très loin le temps où Varguitas conseillait aux écrivains latino-américains -tout particulièrement aux écrivains sympathisants de la révolution cubaine- de ne pas se mêler de politique et de se consacrer uniquement à la littérature. Cela ne l’empêcha nullement de se jeter lui-même à corps perdu dans la politique, allant jusqu'à briguer la présidence du Pérou. Sa participation aux manifestations organisées par les habitants des beaux quartiers de Lima pour défendre la "liberté" des banques, menacées de nationalisation par la gauche alors au pouvoir à Lima, lui valut les applaudissements de la bourgeoisie latino-américaine, de la City et de Wall Street, mais lui fit perdre les voix du peuple péruvien, qui lui préféra Alberto Fujimori.

 Après cette défaite humiliante, il se consacra, plus que jamais, à ses fonctions de commis culturel hispanique pour le compte des financiers et des politiciens anglais et états-uniens, parmi lesquels ses mentors, Ronald Reagan et Margaret Thatcher. Cette dernière deviendrait pour lui une sorte de marâtre spirituelle à la suite d’un banquet offert à un groupe d’intellectuels auxquels elle demanda, en guise de remerciements pour le succulent repas (et de quelques petits cadeaux, cela va de soi), de faire l'éloge de sa personne et de son gouvernement. C'est l'origine de plusieurs articles hautement littéraires de Vargas Llosa parus dans les journaux espagnols et latino-américains, saluant la culture, l'intelligence et la gentillesse bienfaisante de Margaret Thatcher et de sa politique.

 Les Argentins se souviendront toujours de cette politique, puisque la Dame de Fer -pendant la guerre néocoloniale des Malouines- donna l'ordre au sous-marin nucléaire "Conqueror" de couler par surprise le "cadet training ship" de la flotte argentine, le vieux croiseur "Général Belgrano". Le navire  transportait près d'un millier de jeunes mousses et de cadets à son bord, et se trouvait hors de la zone de combats proposée et reconnue par la Royal Navy elle-même, laquelle s'appuyait, pour perpétrer ses méfaits, sur des alliés comme le général Pinochet. Celui-ci -congratulé par la Dame de Mort en tant que "sauveur de la démocratie chilienne"- avait trahi la fraternité historique du Chili et de l'Argentine, en apportant sa meilleure aide logistique aux amiraux anglais [2]. Bien sûr, Varguitas ferma les yeux sur le crime de guerre commis par sa marâtre et sur les centaines de jeunes marins massacrés par les torpilles de Sa Majesté. L'histoire de l'Argentine jugera le romancier félon, absout par la bourgeoisie de Buenos Aires qui se presse au Théâtre Colon pour l'applaudir à l'occasion de ses tournées politico-culturelles. "La bourgeoisie manque essentiellement d'intelligence", disait Balzac. Elle manque aussi de cœur, pourrait-on ajouter.

Dans un entretien au journal El Mercurio de Santiago, Vargas Llosa affirme que c'est l'essai de Karl Popper -La Société ouverte et ses ennemis- qui l'aurait convaincu de devenir un guérillero anti-socialiste. Varguitas, qui n'a aucune formation philosophique sérieuse, ni aucune formation scientifique (sa culture est essentiellement romanesque, donc fictive), avoue que l'ouvrage de l'épistémologue autrichien (philosophe spécialiste des sciences, précisément), lui avait été recommandé par sa marâtre intellectuelle, Margaret Thatcher, dont l'illettrisme était pourtant l'objet des moqueries sans fin de ses propres ministres et de la presse britannique (illiterate lady).

Karl Popper (Vienne 1902 - Londres 1994) est surtout connu pour sa tentative d'assassinat de Karl Marx. Ce geste fut salué par la reine Elizabeth II -fanatique des romans d’Agatha Christie et des assassinats "british style"- qui lui accorda le sobriquet de "Sir", en 1965. "La Mort de Marx !", voilà un titre pour un roman de Vargas Llosa, connu d'ailleurs pour la gaucherie et l'inélégance de la plupart des titres de ses livres. Après ce meurtre rêvé, quel soulagement pour la très gentille et ouverte société bourgeoise, menacée par d’affreux ennemis totalitaires!  En vérité Karl Popper aurait mérité un disciple un peu plus crédible, car son œuvre -en particulier celle qui concerne l'épistémologie- est intéressante, ne serait-ce que par sa prétention colossale.

Bien que mon propos soit de combattre et non d'expliquer le phénomène poppérien [3], je voudrais donner un aperçu de la méthode de Popper comme penseur. Pour tuer Marx, il lui fallait, d'abord, démolir Hegel et sa dialectique, mère de la logique marxiste, mais auparavant, pour démolir Hegel, il se devait de démolir Platon et Socrate et, au passage, Héraclite et -pourquoi pas tant qu'on y est- Aristote lui-même! Ce vaste projet de démolition accompli (Derrida et son entreprise de déconstruction était, quand même, plus fin), il ne restait plus qu’à attendre que Marx tombât de son propre poids du piédestal où les méchants totalitaires l'installèrent au XIX siècle.

Varguitas, qui croit obstinément en la fiction comme panacée contre toute fièvre révolutionnaire, avala goulûment les arguments poppériens et ne remarqua pas sous la surface apparemment lisse et cohérente de l'écriture de Popper, le nombre incalculable d'amalgames, de raccourcis, de déformations et de citations tronquées qui jalonnent toute son œuvre. Même un étudiant en première année de philosophie serait capable de repérer les failles dans la logique poppérienne, failles dissimulées sous des affirmations provocatrices, nullement fondées et mal étayées, au point que le lecteur attentif pourrait se demander si Popper connaissait vraiment Descartes et sa méthode.

 Sa logique, très peu cartésienne donc, lui permet de considérer Platon comme un philosophe de "mauvaise foi", traître à son maître Socrate, et La République comme la matrice de tous les totalitarismes. D’après ses propos, Aristote serait un "écrivain médiocre", plus érudit qu'intelligent, et Hegel un "bouffon" dont la "pseudo philosophie", "fatras nauséabond", ne serait qu’une "imposture", "une des pires escroqueries intellectuelles de notre époque" [4]. Ce n'est pas tout. Utilisant Schopenhauer comme bouclier, Popper affirme que l'auteur de La Phénoménologie de l'Esprit (l'un des sommets incontestables de la philosophie occidentale) est un "mafioso" dont la pensée "pathologique" serait à la base du fascisme et, bien entendu, du stalinisme, etc. Fait étrange, celui qui se tire le mieux de ces rafales dignes d’un authentique terroriste intellectuel, c'est… Marx.

 En réalité, Popper, marxiste dans sa jeunesse,  n'arrive pas à cacher sa fascination et sa passion  pour Karl Marx (un peu comme la passion presque érotique de Varguitas pour Fidel Castro) [5]. Le philosophe viennois couvre Marx de louanges ("grand penseur profondément honnête, grand humaniste, sincère dénonciateur de l'injustice de la société des classes", etc.) croyant ainsi pouvoir le tuer sans éprouver de sentiments de culpabilité. Cependant, il n’y parviendra pas. En tout état de cause, il se sentira coupable, à l'instar de Yvan Karamazov, le personnage dostoïevskien, même s'il n'a pas réellement tué son père.

 En effet, contrairement aux désirs de Popper, Marx est toujours vivant, comme le prouve la dernière crise financière qui a secoué la société capitaliste, crise prévue -qu’on le veuille ou non- par le matérialisme historique. Ce fut la conclusion du congrès qui réunit à Londres, en mars 2009, de grands intellectuels européens rassemblés pour analyser la surprenante actualité du marxisme, seule théorie capable -encore aujourd'hui- d'expliquer avec clarté l'origine et le mécanisme du hold-up à dimension planétaire perpétré par Wall Street et la City.

 Karl Popper doit se retourner dans sa tombe, mais lui, il ne sortira jamais du cimetière. Son œuvre, qu’on aurait pu imaginer, compte tenu de sa prétention, proche par sa valeur de celles de Platon, d'Aristote, d’Hegel et de Marx, s’avère creuse et d’une étonnante trivialité. Mais pour l'intellect et la culture de son dévot Varguitas, c'est largement suffisant.

 Quelqu'un a dit (en pensant au merveilleux Douanier Rousseau, sans doute) "García Márquez, écrivain naïf pour des lecteurs naïfs". Je me permets d'ajouter, me rappelant le slogan bien connu visant les revues Life et Time Magazine ("Life pour ceux qui ne lisent pas, Time pour ceux qui ne pensent pas") : "Mario Vargas Llosa, écrivain médiocre pour des lecteurs médiocres"[6]. Certes, mon compatriote Roberto Bolaño,  lamentable sycophante de la révolution cubaine ("film de gangsters tourné sous les Tropiques", affirmait-il, en toute objectivité romanesque), a fait son éloge dans le  journal El País.[7] Malheureusement Bolaño mourut avant la publication de Las travesuras de la niña mala, roman-cul de Vargas Llosa,  dont le niveau de la prose rappelle celui des magazines sud-américains pour femmes, style Paula, Claudia, ou l'ancien Para Ti. Bolaño n'eut pas non plus le temps de lire le livre de Varguitas sur Onetti, où le romancier péruvien confond piteusement fiction et conscience, et propose, grosso modo, avec ses raisonnements d'un niveau comparable à celui du Sélections du Reader's Digest, de remplacer la révolution socialiste… par la fiction. Cela, tout en conseillant aux peuples latino-américains affamés de lire beaucoup de romans (d'abord les siens) pour s'évader de leur triste réalité[8]. Face à tant de sottise, de dévergondage, de pseudo culture camouflée derrière un mur de prix littéraires octroyés par la bourgeoisie aux écrivains (servant writers) qui savent défendre la société capitaliste de ses ennemis, il serait honteux de se taire et de laisser pontifier Vargas Llosa sans réagir…[9].

 


 

[1] Obligé par les circonstances, Piñera a été contraint de céder à ses amis quelques-unes de ses affaires les plus voyantes… pour les récupérer à la fin de son mandat, après quatre ans de gestion présidentielle saine, neutre et parfaitement honnête à l'égard de ses intérêts privés, bien entendu.

[2] Elle ne fut pas seule à féliciter Pinochet pour avoir délivré le Chili des socialistes sanguinaires. Jean-Paul II -véritable esprit saint de la Trinité Thatcher-Reagan-Wojtyla- fit de même au cours de sa visite à Santiago, lorsqu’il bénit les troupes pinochétistes sous le regard larmoyant du très catholique général, auteur -d’après Varguitas- du "miracle" économique chilien, miracle dûment authentifié par Wall Street et la City en vue de la béatification du Saint Père.

[3] "Bien que mon propos soit de combattre et non d'expliquer le phénomène hégélien..." (K. Popper, Hegel et le néo-tribalisme, I.)

[4] "...Une des pires escroqueries intellectuelles de notre temps". (K. Popper, Hegel et le néo-tribalisme, VI). Ces mots, acceptables dans un pamphlet mais impensables dans un texte philosophique, pourraient être appliqués plutôt à l'œuvre de Vargas Llosa.

[5] Son cas rappelle le béguin d’Allen Ginsberg pour Che Guevara ("so cute"). L’Histoire ne raconte pas si Guevara se rendit devant les avances du poète américain. C’est peu probable. En revanche, c’est sûr que Fidel Castro n’a jamais aimé Varguitas ("so clever"), ni comme homme, ni comme romancier.

[6] "Le médiocre s’accouplant au médiocre, l’art romanesque de Vargas Llosa ne peut qu’engendrer du médiocre", pourrait-on dire en parodiant Socrate et Platon (La République, livre X).

[7] El País, quotidien qui a toujours été un glorificateur inconditionnel de Varguitas, sans doute parce qu'il appartient au même groupe multinational que ses éditeurs. On peut se demander ce que les 150 journalistes licenciés récemment par la Direction, pour des raisons de crise de la "Société Ouverte", pensent du silence ignoble, face à ce méfait, du "Marqués" Vargas Llosa (il fut anobli par le roi, ex-aequo avec l'entraîneur du Real Madrid Football Club, Vicente del Bosque.)

[8] "El Señor Lara", créateur des prix Planeta destinés à contrôler le marché littéraire hispanique, s'occupe de la besogne. Encouragé par Varguitas (lauréat frauduleux en 1992, la récompense de 50 millions de pesetas ayant été monnayée à l'avance entre le romancier et l’éditeur devant le silence complice de la presse espagnole), Lara forgea une nouvelle couronne -le prix "Casa de América"- pour neutraliser le prix cubain "Casa de las Américas". Aujourd'hui, el Señor Lara doit être plutôt inquiet parce que Varguitas vient  de créer, humblement, son propre prix, "Premio de Novela Mario Vargas Llosa", pour contrecarrer le prix Rómulo Gallegos, adjugé maintenant par le Venezuela  bolivarien.

[9] Parmi ces récompenses, le Irving Kristol Award offert par l'American Enterprise Institute, nid des néoconservateurs américains et vivier du think-tank de l'extrême-droite du Parti Républicain (et aujourd'hui, du "Tea Party"), qui conçut les horreurs du gouvernement de Georges W. Bush. Cette couronne tressée de dollars dont Varguitas fut ceint pour son appui à l'invasion criminelle de l'Irak ("To Mario Vargas Llosa, whose narrative art and political thought illumine the universal quest for freedom") devrait être un déshonneur et une honte pour tout démocrate honnête. De toute évidence, ce n'est pas le cas de Mario Vargas Llosa, qui ne semble connaître ni la honte ni l'honnêteté.
 

 

 


 

 

 
 
"Ô Inca ! Ô roi infortuné et malheureux!"
    (BALZAC. Louis Lambert.)

 
He aquí un Inca del Perú, Mario Vargas Llosa. Pálido mestizo quechua (o, tal vez, lejano aymará), dotado de una vanidad inconmensurable (interpretó personalmente el papel de Ulises en una pieza de teatro escrita por él y para él), Vargas Llosa hubiera sin duda deseado bailar delante de Luis XV, en medio de los Indios galantes de Rameau… aunque no quiere mucho a los  indios. Shapras, huambisas, aguarunas son descritos casi como animales de la selva en La Casa Verde, novela aplaudida  y premiada en la España franquista, en 1965. Pero "Varguitas" (sobrenombre que adopta en una de sus novelas) es, por encima de todo, un propagandista de la "Open Society", cara a Karl Popper, de quien se dice discípulo.
 
Cualquiera persona que haya leído atentamente a Musil, Thomas Mann, Beckett, Sarraute, Yourcenar, Proust, Borges, Joyce, Steinbeck, Faulkner, Carpentier, Kafka, Herman Broch, Rulfo, Pessoa, etc., no puede sino interrogarse sobre el verdadero valor del escritor peruano,  cubierto de premios literarios y de honores de toda especie, incluso el premio Nobel. Sus glorificadores (a menudo novelistas fracasados, transformados en "brillantes" periodistas y viceversa) aprecian la ligereza de una prosa escrita al galope, más cercana a la prosa de la prensa escrita que a la alta literatura. Leer una novela de Vargas Llosa no es más trascendente que leer un diario. Ingurgitar sus ideas simplistas y mediocres, no es más complicado que tragar la ideología de las revistas "people". Esta es seguramente una de las claves que explican su éxito editorial y mediático en nuestra sociedad, donde el "éxito" ha llegado a ser una mercancía como otras y que no puede adquirirse, salvo excepción, sino confortando la médiocrité, como decía Balzac.

 En cuanto a su lenguaje, distinguido por el jurado del premio Nobel 2010, la lingüista Martha Hindelbrandt, profesora de la universidad  San Marcos de Lima, ha analizado, con un poco más de seriedad y de autoridad que los académicos del rey de Suecia, el español del laureado. La lingüista llegó a la conclusión que las numerosas carencias de su lenguaje, sembrado de "errores garrafales", son el resultado del nivel insuficiente de la educación que el escritor recibió durante su infancia. Pero, patriota peruana arrastrada por las olas mediáticas y nacionalistas en torno a Varguitas, ha terminado por conceder que un "genio" puede permitirse escribir mal y llegar a ser, pese a todo, Superacadémico de la Real Academia Española de la Lengua…Clisé confirmado y mentiroso que sirve a Vargas Llosa de pasaporte para cumplir con su tarea de representante comercial de la "Sociedad Abierta" y, cual un nuevo Papa, pontificar "urbi et orbi" la necesidad de santificar por la eternidad al capitalismo y enviar al socialismo definitivamente al fondo del infierno.

Hombre elegante, coronado "Man of the year 2011" por la revista Vanity Fair, encargó últimamente (según su rival, el novelista Alfredo Bryce Echenique) varias capas y trajes blancos al sastre oficial del Vaticano, con la esperanza de ser reconocido en cuanto "Papa de los ricos" y hacerse canonizar como "San Mario Vargas Llosa", pese a su ateísmo. En efecto, Varguitas no cree en Dios, aunque afirma que cuando escribe sus novelas, él es igual a Dios creando sus creaturas. A lo mejor, pensando en las ventajas que su eventual canonización podría traerle, va a transformarse en un católico fervoroso. Mientras tanto, hundido en  las profundidades metafísicas de su espíritu, comprobando todos los días (sentado en su WC, de mármol rosa) que la imagen divina que se hace de él mismo y su triste realidad corporal están bastante alejadas una de otra,  ha concluido que nosotros, los seres humanos, debemos vivir como si la muerte no existiera (pensamientos anotados en su diario íntimo, El País). De todas formas, la Muerte no le concierne porque, contrariamente a Gabriel García Márquez, él es Inmortal...

En lo que respecta a su formación literaria, las raíces de su conocimiento de la literatura francesa, conocimiento del cual se siente orgulloso, son develadas pérfidamente por su cortesano, el novelista neo-pinochetista Jorge Edwards. Con sorna camuflada en asombro, Edwards cuenta que se encontró con Vargas Llosa en 1962, cuando éste era periodista en Radio France Internationale. Varguitas, como un neófito, se declaraba deslumbrado y entusiasta por el descubrimiento, no (como se hubiera podido suponer por razones cronológicas) de Proust, Céline, Breton y los surrealistas, o de Beckett, Robbe-Grillet, Marguerite Duras, Claude Simon, Perec y el grupo Oulipo, Francis Ponge y los telquelianos, etc., sino de Victor Hugo, Dumas, Maupassant y, sobre todo, de Gustave Flaubert (con quien le gusta compararse), genios desconocidos que él se proponía sacar del olvido.

Pues bien, Flaubert, que escribía y reescribía veinte veces una frase antes de darse por satisfecho…para borrarla al día siguiente y recomenzar, estaría horrorizado de verse comparado con un novelista que escribe a la "va comme je te pousse" (como se empuja a los gansos, según el dicho flaubertiano) y cuyo talento consiste en ser capaz de escribir varias horas seguidas, sin cansarse. ¿Es posible comparar la prosa de Flaubert, cristalina y estructurada como un diamante, con la prosa de Vargas Llosa, sucia, opaca, quebrada como un vidrio golpeado por una ráfaga de viento? Para leer "Conversación en la Catedral" (novela considerada por sus aduladores como una obra maestra), el lector serio está obligado, si quiere juntar los pedazos de frases y sacar algo en limpio, a leer él también a la "va comme je te pousse" (échale pa'elante nomá), dejando de lado toda aspiración lógica. Aparentemente Varguitas, con la pretensión de "ser moderno", ha intentado copiar la prosa de Faulkner, tejida poéticamente con finas elipses a la Shakespeare ("The Sound and the Fury", "Absalom, Absalom!") o la prosa de Cortázar, suave y melodiosa como una composición de Miles Davis ("Rayuela"). Pero los grandes prosistas están muy por encima de su estilo, troceado como un steak de carne molida y destinado a ser consumido con rapidez, sin hacerse muchas preguntas sobre su origen. Indigestión asegurada…

Cierto, ha escrito algunos libros mejor trabajados y más coherentes que otros ("La tía Julia y el escribidor", "Elogio de la madrastra"), pero su estilo es, fundamentalmente, el de un reportero apurado, presionado por el tiempo. Balzac, quien en la época del "feuilleton" estaba obligado a escribir con rapidez, siempre se lamentó por no corregir sus textos como hubiera querido. Sin embargo, publicó entre 1832 y 1842 siete versiones diferentes de uno de sus "chefs-d'oeuvre", "Louis Lambert". Pero no cualquiera es Balzac, sobre todo Varguitas, mal comediante, desprovisto de verdadera humanidad.

De todos modos, la rapidez de Varguitas, que siempre ha sorprendido a sus admiradores y familiares, especialmente por el ruido que hacía con su máquina de escribir, le es muy útil cuando practica, sin vergüenza, el plagio. "La guerra del fin del mundo", plagio de "Os Sertoês", la novela del brasileño Euclides da Cunha, pillaje denunciado por José Saramago (premio Nobel 1998) es un claro ejemplo. Y también "La fiesta del Chivo", plagio de "The death of the goat", obra del periodista de Time Magazine, Bernard Diederich quien, al confirmar que Varguitas le había copiado estúpidamente incluso sus errores, intentó llevarlo delante de los tribunales ("unhappily, too expensive"). Un poco más sutil es el plagio de Flora Tristan en "El Paraíso en la otra esquina", pillaje, como el cometido contra Da Cunha (muerto en 1909), muy cómodo pues la genial revolucionaria está enterrada también desde hace mucho tiempo. Etc.

En el cerebro de Varguitas, el pillaje intelectual es necesario para la creación literaria que no sería, al fin de cuentas, sino "saqueo", "hurto", "robo" de la obra ajena, piratería, según él inevitable y, en su caso particular, perfectamente legal en nombre de su "genio". Esta es, más o menos, la tesis propuesta en "La Orgía Perpetua", ensayo sobre Flaubert que contiene su teoría personal de la novela. En realidad, el género novelesco, hoy día debilitado y decadente, se presta fácilmente al plagio, procedimiento que ha llegado a ser habitual y anodino, muy rentable si el escritor sabe disimularlo. [1] Varguitas, que no teme contradecirse (o, quizás, no se da cuenta de sus contradicciones) subraya también en este ensayo, el desprecio y el rencor de Flaubert contra las injusticias e iniquidades de la sociedad del siglo 19. Ahora bien, traicionando el pensamiento de Flaubert en un nivel moral y social, como lo traiciona en un nivel estético, Varguitas no saca las conclusiones que se imponen sobre la "Open Society" de nuestro tiempo, apenas más evolucionada que la sociedad capitalista decimonónica. La terrible crisis que vivimos a principios del siglo 21 es la prueba.

Vargas Llosa, novelista retrógrado y profundamente reaccionario, se estanca en su fascinación por los novelistas del pasado y esto en plena revolución cibernética, cuando emergen nuevas formas narrativas, post-novelescas, como el Intertexto, género plurilingüe y pluricultural, fundado sobre la honestidad intelectual. Todavía no ha comprendido (y no comprenderá jamás) la importancia del advenimiento de Internet, comparable, en muchos aspectos, con la invención de la imprenta. Claro, su edad avanzada (más de 80 primaveras) le ha hecho perderse un fenómeno crucial en la historia de la literatura, cuyas perspectivas revolucionarias le escapan completamente. ¡Tal vez cree que se trata de otra revolución comunista a denunciar y aplastar con urgencia!

Resumiendo, Varguitas reconoce en Internet a lo más un progreso técnico de la comunicación, pero no percibe su valor como instrumento de creación literaria, útil prodigioso que abre el camino hacia una nueva literatura, tanto más cuanto es la escritura que se sitúa en el centro de esta extraordinaria revolución tecnológica. No obstante, la estética anticuada y obsoleta de la obra de Vargas Llosa es una de las razones que explican por qué es tan fácilmente acogida por los lectores conservadores, formados dentro de los parámetros esclerosados de la lectura novelesca de antaño.

Por supuesto, los cortesanos de Vargas Llosa (entre ellos, desgraciadamente, jóvenes novelistas mistificados que sueñan con ser nuevos Varguitas y que imaginan que la literatura es una carrera a los premios, a los honores y al dinero), esos aduladores dirán que yo escribo llevado por los celos, la envidia, la frustración. ¿Qué otra cosa podrían decir sin descalificarse a sí mismos y enfrentarse cara a cara con su propia estulticia? El problema es de ellos. El mío es Varguitas en cuanto agente de la "Open Society", papel que endosó por cuenta  de las empresas multinacionales y de los banqueros, quienes lo enviaron a Chile durante la campaña presidencial de 2009/2010 para apoyar el regreso al poder de los neo-pinochetistas.[2]

El escudo "Gran-Escritor-Genial-Gran" que le ha forjado la prensa, le permite dejarse caer por todas partes donde la "Open Society" es amenazada y, como el mismísimo Captain America, mostrar su fuerza y su bravura masculina. Es mejor tomarlo en serio, porque  Varguitas es un auténtico macho, capaz de atacar con violencia cuando se trata de defender sus intereses…a puñetazos si es necesario. Como todo el mundo sabe, exhibió su virilidad golpeando brutalmente el rostro de Gabriel García Márquez, al término de una proyección cinematográfica privada en Ciudad de Méjico, en 1976. El novelista colombiano, harto mejor estilista (según los especialistas del boxeo y de la novela), no había hecho otra cosa que solidarizarse con la esposa y los hijos abandonados por Varguitas, quien se había escapado del hogar familiar corriendo como un hot-dog detrás de una top-model americana.[3] Ahora bien, su violencia como guerrillero anti-socialista lo ha ayudado en buena medida a ganarse la simpatía del jurado del premio Nobel acordado por la Academia del rey sueco, en un momento en que Suecia como Noruega y, en general, toda Europa, es sacudida y roída por la violencia de la extrema derecha neo-nazi.

Nada extraño entonces, que los primeros discursos y conferencias de prensa de Varguitas tras recibir el Nobel fueran consagrados no a la literatura, sino a insultar a la Presidenta de Argentina, Cristina Kichner ("tonta, vulgar, inculta"), al Presidente de Venezuela, Hugo Chávez ("un dinosaurio"), al Presidente de Ecuador, Rafael Correa ("un cangrejo"), al Presidente de Bolivia, Evo Morales ("indio analfabeto") y a burlarse del candidato a la presidencia del Perú (elegido, pese a todo, Presidente de la República Peruana), el humilde inca Ollanta Humala (votar por él o por la candidata fujimorista era como escoger "entre el cáncer o el sida".)

Sí ; Varguitas conoce bien su trabajo y sabe agradecer a sus patrocinadores, entre ellos, los 1300 banqueros de la "Federación Latinoamericana de Bancos" reunidos en Lima a fines de 2012. Los banqueros latinoamericanos y sus compinches venidos de todo el mundo, aplaudieron durante largos minutos la conferencia  ofrecida a la asamblea -con el corazón empapado de amor por sí mismo y con lágrimas de felicidad- por el Premio Nobel de Literatura 2010, don Mario Vargas Llosa…Business is business!
  

 [1] Como "plagiarist" Varguitas es superado por Bryce Echenique, mucho menos astuto que él y perseguido por la Justicia en Perú, al igual que su hijo, Alvaro Vargas y su discípulo novelista, Fernando Iwasaki .

 [2] Este es uno de los motivos que me han impulsado a escribir sobre Popper y Vargas Llosa.

 [3] Infiel en amor, Varguitas sabe traicionar en amistad cuando le conviene. Así, dejó caer a sus amigos catalanes, responsables en gran medida de su éxito editorial, para dar preferencia a los neo-franquistas madrileños, Aznar y Rajoy, enemigos de la Catalunya independiente.




AGGIORNAMENTO

(8/12/2019)

 





Viagras Llosa y sus muletas (Madrid 2020)







Las zancadillas de Vargas Llosa

Los años pasan, pero no Varguitas, que continúa haciendo de las suyas como Captain America después de su premio nóbel, cada vez más desprestigiado. Tras su adjudicación a Bob Dylan en medio del escándalo de las manipulaciones del jurado por parte de un dandy francés, Varguitas propuso que el siguiente fuera adjudicado… a un futbolista. No especificó si a Messi o a Cristiano Ronaldo. En ningún momento se acordó de que su propio premio también fue el fruto de una manipulación favorecida por la extrema-derecha sueca. Como tampoco se ha dado cuenta de que en su última novela -Tiempos Recios- revela inconsciente e involuntariamente el secreto de su "big-success" literario. Tiempos Recios, novelilla-reportaje (una más en su CV de reportero, elevada inmediatamente por sus turiferarios al nivel de obra maestra de la literatura universal), probablemente no fue escrita sino dictada a un magnetófono-secretaria-tacos aguja, y luego corregida, dentro de lo posible, por un Varguitas ya muy gagá. La calidad de su prosa, peor que la habitual, permite suponerlo. Cierto, también Borges dictaba sus microtextos cuando la ceguera le impidió escribir. Pero ir más lejos en la comparación del genio borgiano con la mediocridad estilística de Varguitas es un sacrilegio del cual me abstengo.

Mario Viagras Llosa (su nuevo apodo en los salones "chic"de Lima y del Madrid de Aznar, Botella & Coffee y de Rajoy, después de oficializar su concubinato con Isabel Peeling, la muy antigua "socialité" de Julio Iglesias y, entre otros, también del marqués Falcó y del ex Ministro de la Chaqueta Española, el ex-socialista, Boyer) se ha hecho una increíble zancadilla a sí mismo. En efecto, creyendo que su denuncia de los mecanismos mediáticos estadounidenses (cuya propaganda ideológica inventó el comunismo de la inocente Guatemala para poder invadirla y colonizarla mejor), equilibraría en América Latina su reputación de "hombre de derechas" (en el fondo, de extrema derecha), mostró, sin quererlo, la hilacha de su éxito como best-seller. En realidad, esas mismas fuerzas tóxicas y fraudulentas que consolidaron el poder de la United Fruit en Guatemala, lo transvistieron y maquillaron bonitamente para hacerlo pasar de escritor mediocre a novelista genial, defensor de la libertad contra el comunismo. Y, claro está, ejemplo a seguir en cuanto "living legend" (según la US Library of Congress Award) por las futuras generaciones de escritores hispanoamericanos… contrariamente al escritor castrista-comunista y enemigo de la democracia, García Márquez (no autorizado a ingresar en los EEUU, igual que el poeta comunista Pablo Neruda).

La inverosímil lista de premios y distinciones acordadas a Mario Viagras Llosa lleva el sello discreto de los servicios de la USA Ideological Publicity Agency (llamémosla asi). Son los publicistas de la Agencia quienes, como los periodistas que inventaron y falsificaron la imagen de Guatemala en provecho de la United Fruit, han hecho de él un paladín de la novela, destinada, más que nunca, a promover los valores de la sociedad "neo-liberal". En verdad, esa propaganda dirigida a los necios (que son legión) ha hecho de Varguitas un héroe de "comics", un Captain America encargado de defender los intereses del imperio estadounidense en el mundo de la literatura. Recientemente el diario español El País (especie de "journal intime" de Viagras Llosa, donde se publican todas sus sandeces) organizó en su homenaje un ranking de los mejores libros de comienzos del nuevo milenio, suponiendo que el jurado iba a coronar La Fiesta del Chivo (plagio de "The death of the goat", obra del periodista de Time Magazine, Bernard Diederich, no lo olvidemos), novela reeditada paralelamente a su versión teatral en Madrid. Algo no funcionó como previsto y Varguitas se encontró en cuarta posición, lejos, muy lejos del primero de la lista, mi fenecido compatriota y tocayo, Roberto Bolaño.

Este tipo de traspiés explica tal vez el pésimo aspecto que Viagras Llosa exhibe en sus últimas apariciones tv. Apoyado en un bastón con una mano y con la otra agarrándose firmemente de su "socialité" septuagenaria (manifiestamente preocupada por la mala imagen que su concubino aporta ahora a su revista de escándalos, dirigida magistralmente por ella, y a sus negocios consagrados a la belleza y al lujo), el
deteriorado Captain America delata, con sus mal disimuladas muecas de dolor, otra zancadilla que se hizo torpemente a sí mismo. El informe del hospital al cual fue llevado en ambulancia, señala que el héroe se cayó de culo en el palacete de la "socialité", quien lo alberga en calidad de "amigo del corazón" junto a una de sus hijas franquistas en un "ménage à trois" digno del  indio Huenchuyán (el muchacho se acostaba con una viuda y con la hija de ésta, sin saber con cuál de las dos gozaba en la oscuridad : lo importante  en este mundo no es con quién uno goza, lo importante es gozar,  se decía el indio, aunque nunca había leído a Wilhelm Reich).  La caída le causó a Varguitas una hinchazón fenomenal y un grandioso moretón en las asentaderas. Los médicos, admirados por el tinte violáceo del desbarajuste, le recetaron la ingestión de algunas aspirinas y también, por razones terapéuticas, le desaconsejaron defecar sentado en su tradicional trono de mármol rosa. En cambio, lo alentaron a hacer sus necesidades "a la turca", idealmente al aire libre. (Las malas lenguas cuentan que Vargas Llosa telefoneó inmediatamente a Estambul a su colega novelista, Orhan Pamuk, también premio nóbel y miembro del refinado Open Society Club, para preguntarle si conocía el procedimiento y si era obligatorio hablar en turco para practicarlo.)

Tiempos recios en realidad para el novelista. Si Varguitas no hubiera reído de satisfacción cuando el ministro de justicia de Bolsonaro, Sergio Moro, encarceló injustamente a Lula, el más grande dirigente democrático de Brasil, y no se hubiera felicitado por el golpe de Estado que derrocó a Evo Morales, el primer indio en gobernar eficiente y democráticamente a Bolivia, yo no me reiría de su percance, digno de una "casa de remolienda". Sebastián Piñera, en un Chile hoy día desvastado por su desastrosa presidencia neoliberal, no se ha privado de reírse del accidente doméstico de su compinche, patada en "el poto" (a la chilena) y suerte de castigo cósmico por su falta de humanidad y de modestia.

Vamos, mejor lo reconozco para que no me acusen de mentiroso : yo también confieso que he reído.

 

 




El novelista peruano Mario Vargas Llosa viajó recientemente a Chile para intervenir en la vida política de nuestro país. Su objetivo no era la defensa de la democracia, pues al respecto el gobierno de Michelle Bachelet fue y será un ejemplo en América Latina, sino apoyar a Sebastián Piñera, candidato de los neo-pinochetistas y uno de los hombres más ricos del continente. Réplica chilena de Berlusconi, Piñera es propietario -entre otros bienes- de un canal TV, de un club de fútbol, de una compañía aérea (LAN) y de 115 000 hectáreas de tierras que pertenecen, en principio, a los indios huilliches. Mediante el gasto de inmensas cantidades de dinero y aprovechando la división de una concertación de centro-izquierda usada por veinte años de poder, Piñera ganó la elección pese a sus problemas judiciales en Chile (quiebra, bajo su dirección, del Banco de Talca y desaparición de 250 millones de dólares, delito de "iniciado" en la venta de sus acciones en la Bolsa, asociación ilícita de farmacias en las cuales él era accionista) y sus condenas en Estados Unidos (multa de 88 millones de dólares a LAN-Cargo por competición fraudulenta y ataque a la "libertad" de comercio en complicidad con El AL y ABSA), etc., etc. [1] He aquí un rápido perfil del político "affairiste" al cual Vargas Llosa dio su apoyo, tal vez a causa de las importantes inversiones de Piñera en Perú (LAN-Perú), pero también para alentar la creación de un eje Honduras- Colombia-Perú-Chile contra la república bolivariana de Venezuela dirigida por Hugo Chávez.

Lejos quedó la época cuando "Varguitas" aconsejaba a los escritores latinoamericanos -en particular a los simpatizantes de la revolución cubana- que no se metieran en política y se consagraran únicamente a la literatura. Por su parte, él se lanzó de cabeza en la política llegando incluso, como es bien sabido, a postular a la presidencia del Perú. Su ruidosa participación en las manifestaciones de los limeños "chic" para defender la "libertad" de los bancos amenazados de nacionalización por la izquierda entonces en el poder, le ganó los aplausos de la burguesía y los de la City y de Wall Street, pero no los votos del pueblo peruano, que eligió a Alberto Fujimori.

Tras esta derrota humillante, se consagró, más que nunca, a su papel de comisario cultural hispánico por cuenta de los banqueros y de los gobernantes ingleses y estadounidenses, entre ellos Ronald Reagan y Margaret Thatcher. "La Dama de Fierro" se transformó en su madrastra espiritual después de un banquete ofrecido a un grupo de intelectuales a quienes pidió, como agradecimientos por la suculenta comida (y algunos regalos, por supuesto), que hicieran el elogio de su persona y de su política. Este es el origen de los artículos de Vargas Llosa que aparecieron en los diarios españoles y latinoamericanos, loando la inteligencia, la cultura y la amabilidad de su madrastra.

Los argentinos se acuerdan muy bien de su amabilidad. Durante la guerra neocolonial de las Malvinas, la Dama de Muerte dio la orden al submarino nuclear "Conqueror" de torpedear por sorpresa al "cadet training ship" de la flota argentina, el viejo crucero “General Belgrano”. El navío transportaba un millar de cadetes y grumetes y se encontraba fuera de la zona de combates propuesta y aceptada por la propia Royal Navy. Crimen de guerra, entonces, favorecido por el apoyo a la Royal Navy del general Pinochet (congratulado por Margaret Thatcher en cuanto "salvador de la democracia chilena"), quien traicionó sin escrúpulos la fraternidad histórica entre Chile y Argentina y aportó su ayuda logística a los almirantes ingleses. [2] Desde luego, Varguitas cerró los ojos delante del crimen de su madrastra y de los centenares de muchachos masacrados por los torpedos de Su Majestad. La historia de la Argentina juzgará al escritor felón en reemplazo de la burguesía de Buenos Aires, siempre encantada de aplaudirlo cuando pasa por el suntuoso Teatro Colón en sus periplos político-culturales. "La burguesía carece esencialmente de inteligencia", decía Balzac. La burguesía carece también de sentimientos, podría agregarse. Pues bien, en una entrevista concedida al diario El Mercurio de Santiago, Varguitas afirma que fue la lectura de Sir Karl Popper -en especial su ensayo "La Sociedad Abierta y sus enemigos"- aquello que hizo de él un infatigable guerrillero anti socialista. Varguitas, que no tiene ninguna formación filosófica seria y ninguna formación científica (su cultura es esencialmente novelesca, es decir, ficticia), confiesa que la obra del epistemólogo austríaco (filósofo especialista de las ciencias, precisamente) le había sido recomendada por su madrastra intelectual, Margaret Thatcher, cuya incultura era el hazmerreír de sus propios ministros y de la prensa británica ("illiterate lady").

Karl Popper (Viena 1902 - Londres 1994) es conocido sobre todo por su tentativa de asesinato de Karl Marx. Su gesto fue saludado por la Casa Real de Inglaterra y ungido "noble" en 1965 por la reina Elizabeth II, fanática de las novelas de Agatha Christie y de los asesinatos "british style". "La Muerte de Marx", bonito título para una novela de Vargas Llosa, reconocido por la fealdad y la trivialidad de la mayoría de los títulos de sus libros, pero, sobre todo, qué alivio para la muy gentil y abierta sociedad burguesa, amenazada por horribles enemigos totalitarios! En realidad Karl Popper merecería discípulos un poco más creíbles, pues su obra -en particular aquélla que concierne la epistemología- es interesante, aunque no lo sea más que por su pretensión colosal.

Pese a que mi propósito es combatir y no explicar el fenómeno popperiano [3], quisiera, en el corto espacio de este panfleto, dar una idea del método de Popper como pensador. Para eliminar a Marx era necesario que demoliera primero a Hegel y a su dialéctica, madre de la lógica marxista, pero antes de derribar a Hegel tenía que demoler a Platón y a Sócrates y, de paso, a Heráclito y, ¿porqué no aprovechar la ocasión?, también a Aristóteles. Este vasto proyecto de demolición llevado a cabo (Derrida con su empresa deconstructora era bastante más delicado), sólo quedaba esperar que Marx cayera por su propio peso del pedestal donde lo instalaron los perversos totalitarios del siglo 19. Varguitas, que cree con los ojos cerrados en la ficción como panacea contra toda fiebre revolucionaria, se tragó los argumentos popperianos y no percibió bajo la superficie aparentemente lisa y coherente de  la escritura de Popper, el número incalculable de amalgamas, de remiendos, de deformaciones y de citaciones falsificadas que se diseminan a través de toda su obra. Incluso un estudiante de primer año de filosofía es capaz de descubrir las enormes fallas de la lógica popperiana, fallas más o menos disimuladas por afirmaciones provocadoras, sin fundamentos, al punto de que el lector atento podría preguntarse si Popper conocía a Descartes y su método. En cualquier caso su lógica le permite considerar a Platón como un filósofo de "mala fe", traidor a su maestro Sócrates, y La República como la matriz de todos los totalitarismos, mientras que Aristóteles no sería sino un "escritor mediocre", más erudito que inteligente. En cuanto a Hegel, se trataría de un "bufón" cuya "pseudo-filosofía nauseabunda" es una "impostura", una de "las peores estafas intelectuales de nuestra época" [4]. Esto no es todo. Popper, utilizando a Schopenhauer como escudo, afirma que el autor de "La Fenomenología del Espíritu" (una de las cimas incontestables de la filosofía occidental) es un "mafioso" cuyo pensamiento "patológico" sería la base del fascismo y, por supuesto, del estalinismo, etc. Hecho curioso, quien mejor se escapa de estas ráfagas de ametralladora propias de un auténtico terrorista intelectual es… Marx.

En realidad Popper, marxista en su juventud, no consigue ocultar su fascinación por Karl Marx (parecida a la pasión casi erótica que siente Varguitas por Fidel Castro) [5] El filósofo vienés cubre a Marx de elogios ("gran pensador profundamente honesto, gran humanista, sincero denunciador de la injusticia de la sociedad de clases", etc.), creyendo que tal vez así podría eliminarlo sin sentimientos de culpa. Pero Popper se siente de todos modos culpable, como culpable se sentía Yvan Karamazov, el personaje de Dostoievski, aunque en realidad no asesinó a su padre. Efectivamente, contra sus deseos, Marx sigue vivo, como lo prueba la última crisis financiera que ha sacudido a la sociedad capitalista, crisis prevista -se lo quiera o no- por el materialismo histórico. Fue la conclusión del congreso que reunió en Londres, en marzo 2009, a grandes intelectuales europeos para analizar la sorprendente actualidad del marxismo, única teoría capaz -aún hoy día- de explicar con claridad el origen y el mecanismo del hold-up de dimensión planetaria perpetrado por la City y Wall Street.

Karl Popper debe darse vueltas en su tumba, pero él no saldrá del cementerio. Su obra como filósofo-demoledor de los más grandes pensadores de la historia de la humanidad, obra que -si se toma en cuenta su pretensión- podría suponerse por lo menos de un valor igual a las de Platón, Aristóteles, Hegel y Marx, se revela comparativamente hueca y banal. Pero para el intelecto y la cultura de Varguitas, basta y sobra. Así como para los intelectuales neo-pinochetistas que vinieron a aplaudirlo a Santiago al lado de Piñera. [6]

Alguien ha dicho (pensando en el maravilloso Douanier Rousseau, sin duda) "García Márquez, escritor ingenuo para lectores ingenuos". Me permito agregar, acordándome de las revistas Life y Time Magazine y del dicho "Life para los que no leen, Time para los que no piensan" : "Mario Vargas Llosa, escritor mediocre para lectores mediocres". [7] Cierto, Roberto Bolaño, sicofante chileno de la revolución cubana ("película de gángsters filmada en el trópico", afirmaba con típica objetividad novelesca), hizo su elogio en El País. [8] Por desgracia Bolaño murió antes de la publicación de "Las travesuras de la niña mala", novela "porno soft" de Varguitas cuya prosa se asemeja a la prosa de las revistas femeninas Claudia, Paula o el antiguo Para Tí. Bolaño tampoco tuvo el tiempo de leer el libro de Vargas Llosa sobre Onetti y la ficción, donde el novelista peruano confunde desastrosamente ficción y conciencia y propone, grosso modo, con sus razonamientos estilo Selecciones del Reader's Digest, reemplazar la revolución socialista por la ficción, aconsejando de paso a los pueblos latinoamericanos hambrientos que compren novelas (en primer lugar, las suyas) para evadirse de su triste realidad. [9] Frente a tanta estulticia, de pseudo-cultura camuflada detrás de un muro de premios literarios y otras recompensas otorgadas por la burguesía a aquellos escritores (servant writers) que saben defender la sociedad capitalista de sus enemigos, creo que sería vergonzoso callarse y no responder a Vargas Llosa… [10]
 

[1] Obligado por las circunstancias, Piñera ha tenido que ceder a sus socios y amigos algunos de sus negocios más vistosos, esperando tácitamente recuperarlos al fin de su mandato, tras cuatro años de gestión presidencial sana, neutra y, por supuesto, perfectamente honrada en lo que concierne sus intereses privados.

[2] No fue ella la única que felicitó a Pinochet por haber salvado a Chile de los sanguinarios socialistas, a muchos de los cuales se les ofreció amablemente hacer un paseo gratuito en helicópteros "puertas abiertas", antes de ser lanzados al océano calzados con barras de fierro "dernier cri". Juan Pablo II -verdadero espíritu santo de la Trinidad Reagan-Thatcher-Wojtila- hizo lo mismo cuando viajó a Chile y bendijo las tropas pinochetistas delante de las lágrimas de felicidad del muy católico general, autor -según Varguitas- del "milagro" económico chileno, milagro debidamente autentificado por la City y Wall Street en vista de la beatificación del Santo Padre.

 [3] "Aunque mi propósito es combatir y no explicar el fenómeno hegeliano..."  (K. Popper, Hegel y el neotribalismo,I)

 [4] "...Una de las peores estafas intelectuales de nuestro tiempo" (K.Popper, Hegel y el neotribalismo, VI ). Estas palabras, aceptables en un panfleto, pero impensables en un texto filosófico, podrían aplicarse a la obra de Vargas Llosa.

 [5] Su caso recuerda la apasionada calentura de Allen Ginsberg por el Che Guevara (so cute). La Historia no cuenta si el Che se rindió delante de los avances del poeta americano. Es poco probable. En cambio es seguro que a Fidel Castro nunca le ha gustado Varguitas (so clever), ni como hombre ni como novelista.

 [6] Entre esos intelectuales se encontraban los novelistas Roberto Ampuero y Jorge Edwards, quien fuera nombrado por Salvador Allende como el primer Encargado de Negocios chileno en La Habana, tras años de ruptura diplomática impuesta por la OEA y Washington. Edwards traicionó rápidamente su misión, lo que le permitió -entre otras cosas- escribir "Persona non grata en Cuba", panfleto anticastrista y punto de partida de su reconocimiento posterior por la Sociedad Abierta & Cía. Años más tarde, la Concertación democrática, confiando ingenuamente en su lealtad, le dio una nueva oportunidad profesional y lo nombró embajador en la Unesco. Pero lo que él quería era ser embajador en París, como lo fue Neruda. La oportunidad llegó con la aparición de Piñera. Edwards traicionó esta vez a la Concertación democrática de Michelle Bachelet y se pasó nuevamente al enemigo, quien en pago le adjudicó la histórica embajada. El problema radica en que Edwards está muy lejos de tener la envergadura moral y literaria de Neruda. Incluso los miembros franquistas del jurado que le otorgó el premio Cervantes en 1999, saben que es un escritor de “pluma gorda”, como lo reconocen también los mejores críticos literarios santiaguinos, desconcertados por su prosa de "cachalote". En cuanto a Ampuero, profesor de “creative writing” en la universidad de Iowa, donde enseña a los jóvenes escritores a ganar dinero escribiendo, como él, de ass-thrillers, se limita a escupir, desde su bien pagada cátedra en el Middle-West, sobre los socialistas totalitarios en general y sobre la revolución cubana en particular…esa misma revolución que lo acogió generosamente en 1973 tras el golpe de Estado, aportando ayuda y protección a toda su familia. Autor de novelillas como "La otra mujer", fue nombrado ministro de la cultura del gobierno neo-pinochetista de Piñera.

[7] "Lo mediocre juntándose con lo mediocre, el arte novelesco de Varguitas no puede engendrar más que lo mediocre", podría decirse parafraseando a Platón (La República, Libro X).

[8] El País, diario que siempre ha sido el glorificador incondicional de Vargas Llosa, sin duda porque pertenece al mismo grupo multinacional que sus editores. Cabe preguntarse qué piensan los 150 periodistas licenciados recientemente por la Dirección (por razones de crisis de la Sociedad Abierta), frente al innoble silencio de Varguitas, nominado Marqués por el rey de España…ex aequo con Vicente del Bosque, el entrenador del Real Madrid Football Club.

[9]  Tal vez exagero al presentar las cosas de este modo. En realidad Varguitas prefiere no ocuparse de la venta directa de sus novelas a los necesitados latinoamericanos (latinos untruly needy). El grupo multinacional Prisa & Santillana se ocupa de la tarea. Esto, en leal competencia con el "Señor Lara", inventor de los premios Planeta destinados a controlar el mercado literario hispánico. Alentado por Varguitas ("laureado" fraudulento en 1992, pues la recompensa de 50 millones de pesetas fue negociada previamente entre el novelista y el editor delante del silencio cómplice de la prensa española), Lara forjó una nueva corona -"Casa de América"- para neutralizar al premio "Casa de las Américas" concedido en Cuba. Hoy día el Señor Lara debe estar algo nervioso porque Varguitas acaba de crear, con su mejor humildad, el "Premio Mario Vargas Llosa de Novela" para neutralizar el "Rómulo Gallegos", atribuido actualmente en la Venezuela bolivariana.

[10] Entre esas recompensas, el Irving Kristol Award ofrecido por el American Enterprise Institute, nido de los neoconservadores estadounidenses y vivero del think-tank de la extrema derecha del partido Republicano (y ahora también del Tea Party) que concibió las atrocidades del gobierno de Georges W. Bush. Esta corona trenzada con dólares y que fue ceñida sobre las sienes de Varguitas como remuneración por su apoyo a la invasión criminal de Irak ("To Mario Vargas Llosa, whose narrative art and political thought illumine the universal quest for freedom"), debería ser un deshonor y una vergüenza para cualquier demócrata honesto. Evidentemente, no es el caso de Mario Vargas Llosa, que no conoce ni la honestidad, ni la vergüenza.
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