
Chantal
Gabriel Acosta Zamorano
Estudiante de Literatura, que presentó una tesis "Los pliegues de la escritura" sobre "El Bautismo" y "El Sueño" para aprobar su Examen de Grado (Licenciatura, 2013). Cum Laude.
C'est à partir de cette question décisive -la liberté de la littérature- qu'un manifeste pour une nouvelle littérature peut s'esquisser.
Non que la littérature ait vieilli -les grands classiques sont et seront toujours d'une parfaite actualité- mais parce que, précisément, la littérature contemporaine perd, de plus en plus, sa liberté. Cela est dû, en grande partie, à cette néfaste confusion qui s'installe partout entre la pratique littéraire et les pratiques commerciales...
"De l'éloquence en langue d'oïl" recueille les traductions en français des textes de "La Guérison" écrits en italien, en espagnol et en anglais. C'est seulement en les intégrant à la lecture de la version originale de "La Guérison" (intertexte plurilingue) que ces traductions trouvent leur sens véritable. Elles ont été légèrement retouchées pour faciliter, éventuellement, leur lecture isolée. Les références des citations de l'œuvre de Dante ne tiennent pas compte, bien entendu, des modifications intertextuelles.
Les études sur le roman du savant russe Mikhaïl Bakhtine (1895–1975) sont, d'après la plupart des spécialistes, l'analyse la plus profonde jamais réalisée sur l'évolution du genre depuis sa naissance dans l'Antiquité (selon Bakhtine) jusqu'à nos jours. Toutefois, la puissance de la pensée de Bakhtine et son extraordinaire érudition ne l'empêchèrent pas de tomber dans le proton pseudos qui fragilise sa théorie : l'amalgame entre "littérature narrative" et la forme "roman", celui-ci n'étant qu'un genre de la narrative, genre connu comme tel seulement à partir du 12e siècle. C'est ce proton pseudos (souvent présent au départ des grandes théories scientifiques et philosophiques, presque comme un témoin occulte de réfutabilité et donc, de scientificité), qui ouvre la voie à une autre vision de la littérature et à la définition d'un nouveau genre narratif post-romanesque -l'intertexte- dont la gestation est directement tributaire de la "révolution cybernétique".
"Nous devons nous rendre multilingues, donc rendre nos textes multilingues... Imaginons un roman par lettres dans lequel certains correspondants écriraient en japonais, d'autres en français ou en anglais. Ceux qui connaîtraient les deux ou trois langues pourraient lire la totalité. Pour les autres, il faudrait des traductions différenciées. Notre situation linguistique implique une transformation prochaine radicale de tous les genres littéraires..."
Michel Butor, Improvisations sur Michel Butor - L'écriture en transformation, La Différence, 1993.
Les mots en couleur foncée font partie des paraphrases structurées autour du texte original de Bakhtine en clair (Esthétique et Théorie du roman), repris en intertextualité dans le "Dialogue intertextuel avec Bakhtine".
Note 231
Le roman s’adapte mal aux nouvelles donnes du plurilinguisme européen. Les éditeurs conventionnels, les critiques et les prix littéraires confortent le monolinguisme « national ». Mais le plurilinguisme européen (et mondial, grâce à Internet) favorisera l’essor de l’intertexte.
Note 232
…L’intertexte se forme et grandit précisément dans ces conditions d’activité aiguë du plurilinguisme interne et externe (plurilinguisme intertextuel, tout simplement). C’est son élément naturel. C’est pourquoi l’intertexte se place, au plan linguistique et stylistique, à la tête du processus de développement et de renouvellement de la littérature.
Les mots en couleur foncée font partie des paraphrases structurées autour du texte original de Bakhtine en clair (Esthétique et Théorie du roman), repris en intertextualité dans le "Dialogue intertextuel avec Bakhtine".
Note 198
Lui seul (le plurilinguisme intertextuel) délivre la conscience de l’emprise de sa langue nationale, de son mythe linguistique. Les formes intertextuelles fleurissent dans un climat de plurilinguisme, et là seulement, dans l’intertexte, peuvent atteindre à un sommet idéologique tout à fait nouveau.
Note 199
Car on ne peut objectiver sa propre langue qu’à la lumière d’une langue autre, « étrangère », mais presque aussi « sienne » que sa langue propre.
Note 201
Or, le roman rejette les langues nationales autres que celle du romancier, tandis que l’intertexte les accueille.
Note 203
L’intertexte européen des temps modernes, qui reflètera de plus en plus la diversité des langues, comme aussi le vieillissement-rajeunissement du langage littéraire et de ses divers genres, a pu être préparé par ce plurilinguisme actuel par lequel passent tous les peuples d’Europe, et par la vigoureuse interaction des langues nationales à notre époque.
Note 207
Nous vivons aujourd’hui une nouvelle révolution des langues : celle provoquée par l’unification de l’Europe. Le plurilinguisme empêchera, entre autres, la domination dictatoriale d’une langue nationale sur les autres…
Note 209
Le bilinguisme (ainsi que la confrontation des langues en général), est l’un des éléments de base de l’intertexte : les langues se construisent et se perçoivent à la lumière d’autres langues.
Note 213
L’éclairage mutuel des langues et leur adaptation à la réalité de notre époque, se déroulent de façon tout à fait mécanique. L’intertexte doit contribuer à l’éclairage conscient de ce phénomène.
Note 214
Les grands intertextes de notre époque seront stylistiquement plurilingues.
Note 216
Les langues s’éclairent réciproquement au temps où naît l’intertexte européen. Le rire et le plurilinguisme ont préparé le verbe de la narrative des temps modernes.
Note 217
Le verbe de l’intertexte est né au milieu du conflit plusieurs fois séculaire des cultures et des langues. Il est lié aux grandes mutations et crises des destins des langues européennes et de la vie verbale des peuples.
Les mots en couleur foncée font partie des paraphrases structurées autour du texte original de Bakhtine en clair (Esthétique et Théorie du roman), repris en intertextualité dans le "Dialogue intertextuel avec Bakhtine".
Note 110
L’intertexte contient non pas une seule langue mais plusieurs qui, rassemblées, forment une unité purement stylistique et nullement linguistique…
Note 113
L’analyse stylistique de l’intertexte ne peut être productive hors d’une compréhension profonde du plurilinguisme, du dialogue des langages et des langues d’une époque donnée.
Note 114
À notre époque, où le plurilinguisme est le plus vigoureux, où la collision et l’interaction des langages et des langues sont particulièrement tendues et fortes, où le plurilinguisme investit les langages et les langues de tous les côtés, c’est-à-dire à cette époque si favorable à l’intertexte….
Les mots en couleur foncée font partie des paraphrases structurées autour du texte original de Bakhtine en clair (Esthétique et Théorie du roman), repris en intertextualité dans le "Dialogue intertextuel avec Bakhtine".
Note 99
Je le répéterais autant que nécessaire : c’est justement grâce à l’intertexte que les langages et les langues s’éclairent mutuellement, que le langage littéraire devient un dialogue de langages et de langues, se connaissant et se comprenant les uns les autres.
Note 102
Voici, Maître, ma propre formule : l’intertexte doit être le reflet intégral et multiforme de son époque. Dans l’intertexte doivent être représentées toutes les voix socio-idéologiques de l’époque, autrement dit, tous les langages et langues tant soit peu importants de leur temps. L’intertexte est le microcosme du plurilinguisme.
Les mots en couleur foncée font partie des paraphrases structurées autour du texte original de Bakhtine en clair (Esthétique et Théorie du roman), repris en intertextualité dans le "Dialogue intertextuel avec Bakhtine".
Note 82
Il faut que le plurilinguisme envahisse la conscience culturelle et son langage, qu’il le pénètre jusqu’au noyau, qu’il relativise et dépouille de son caractère naïvement irréfutable le système linguistique initial de l’idéologie et de la littérature. Mais c’est encore peu. Même une collectivité déchirée par la lutte sociale, si elle est close et isolée sur le plan national, offre un terrain social insuffisant pour une relativisation profonde de la conscience littéraire et linguistique, pour sa restructuration sur un nouveau mode de prose, la prose intertextuelle.
Note 83
Par conséquent l’Europe (et son plurilinguisme continental) est le meilleur des milieux linguistiques pour le développement de l’intertexte.
Note 84
C’est, jusqu’un certain point, le rôle de l’intertexte dans l’Europe unifiée et plurilingue du début du troisième millénaire. Non seulement les frontières économiques et sociopolitiques iront en s’affaiblissant, mais aussi les barrières linguistiques.
Note 86
Donc, l’intertexte est nécessaire et même inéluctable dans l’Europe unifiée d’aujourd’hui. Il contribuera au dépassement non seulement de la pensée romanesque et de sa mythologie, mais aussi des barrières du nationalisme.
Note 87
Il faut que se désintègre et disparaisse l’autorité religieuse, politique et idéologique à laquelle la pensée romanesque est liée. Au cours de cette désagrégation mûrit la conscience linguistique décentralisée de la prose intertextuelle, appuyée sur le plurilinguisme social des langues nationales parlée et écrites. La résistance entêtée de l’autorité religieuse, politique et idéologique à laquelle la pensée romanesque est liée, explique la longue agonie du roman comme genre littéraire.