Chantal

Chantal

Ce Faust d’un genre nouveau transgresse les limites du roman traditionnel.C'est un intertexte constellé de citations prélevées dans les innombrables Faust engendrés par la légende faustienne du XVIe siècle.Chaque indice chiffré renvoie à la citation complète, dans la langue originale de chaque Faust cité.
Pour le moment, seules les 100 premières pages de La Société des Hommes Célestes ont été éditorialisées. Par contre, la dernière partie de La SHC -Le Château de Méphistophélès-  est intégralement disponible dans sa version électronique, sur le site.

Il faut préciser que la différence essentielle entre l'hypertexte et l'intertexte consiste dans l'absence pour l'hypertexte d'une recherche esthétique au-delà de l'effet "kaléidoscopique", totalement hasardeux, du réseau hypertextuel. Derrière l'hypertexte il n'y a que des appareils électroniques automatiques ou manipulés par des techniciens. Derrière l'intertexte il y a un artiste, un écrivain, une conscience éthique et esthétique. La version électronique de La Société des Hommes Célestes (un Faust latino-américain), notamment le texte final, Le Château de Méphistophélès ou L'Examen de faustologie, en est un exemple assez clair: autour de l'intertexte "faustien", esthétiquement très exigeant, jaillissent automatiquement, tous azimuts, les liens hypertextuels qui rattachent le récit aux textes empruntés dans leur langue d’origine, aux biographies des auteurs cités, aux maisons d'édition et, parfois, aux bibliothèques et villes où se trouvent les œuvres prises en intertextualité.

 

(Songe "intertextuel" autour de la Nouvelle Fiction française)


Tout le monde parle de la mort du roman. Mais on parle moins souvent de la mort du romancier. Voici un souvenir d'André Pieyre de Mandiargues, disparu il y a juste 20 ans, en décembre 1991, ...


 

 





Par ces temps où le viol des femmes est devenu un sujet hautement politique,
il est peut-être pertinent de se rappeler le sort des Sabines...

Cher Monsieur,

Merci infiniment pour avoir eu le courage de dire la vérité aux Françaises et aux Français dans votre livre sur l’Apocalypse : le roman se trouve en danger de mort et il finira par disparaître définitivement si on ne renverse pas tout de suite le cours des évènements. C’est exactement ce que je dis depuis très longtemps déjà, mais puisque je ne suis qu’un indien araucan dans les terres du Roi Soleil, personne n’a voulu m’écouter. Même vous.....


RÉVOLUTION DANS LE MONDE DE L’ÉDITION LITTÉRAIRE

L’un des éléments qui permet de reconnaître un processus révolutionnaire est le changement du centre de gravité des évènements en question. Dans le monde de l’édition, le développement des nouvelles technologies électroniques est en train de changer, entre autres, le centre de gravité de l’édition littéraire traditionnelle. Rappelons-nous du fonctionnement des maisons qui ont fait leurs preuves tout au long du XXe siècle, telles Gallimard, Flammarion, Grasset, etc. Un auteur envoie son manuscrit à l’une de ces maisons réputées pour leur sérieux. Dans le meilleur des cas, si le manuscrit n’est pas laissé de côté après une succincte et parfois capricieuse première révision, il passe sous les yeux d’un lecteur “professionnel” puis, si celui-ci croit y trouver une valeur littéraire, il passe sous les yeux d’un deuxième et, s’il n’y a pas d’accord entre eux, il passera sous les yeux d’un troisième, processus qui peut durer des mois, voire des années. Ensuite, un comité de lecture est appelé à se prononcer sur l’intérêt de sa publication compte-tenu du prestige de l’éditeur, de l’état du marché et du prix de l’opération. Rien de plus sensé dans un monde où une maison d’édition est une entreprise comme une autre et que, comme telle, elle doit réussir économiquement ou périr.

La Société des Hommes Célestes - p.33/34

La vérité c’est que pour atteindre mon but, je suis prêt à conclure un pacte avec Belzébuth lui-même. A cet effet, j’ai proposé au Docteur M. un pacte que j’ai rédigé en plusieurs langues afin de lui garantir une validité internationale :

  –PACTE–

 

Moi, déclaré ‘fou’ par la Psychiatrie Céleste, je requiers les services du Docteur M. pour les raisons suivantes :

First : Je veux faire une grande œuvre, un livre73 d’un genre nouveau, afin de dénoncer la Société des Hommes Célestes.

Secondly : Etant donné que c’est l’amour de la Vérité qui fait mon tourment (‘Die Liebe für die Wahrheit ist mein Schmerz’)74, je prie le Docteur M. de me conduire vers la Vérité afin que je puisse contempler le portrait véridique de la Société précitée.

Thirdly : I am wanton and lascivious and cannot live without a hot whore. So, sweet Doctor M., fetch me one, for I will have one. (I’ll no wife!)75

Fourthly :
Je veux la jeunesse !
A moi les plaisirs,
Les jeunes maîtresses !
A moi leurs caresses !
A moi leurs désirs !
A moi l’énergie
Des instincts puissants,
Et la folle orgie
Du cœur et des sens !
Ardente jeunesse,
A moi tes désirs,
A moi ton ivresse,
A moi tes plaisirs !... 76

Lastly : Und dafür soll mein sein alle Macht und Herrlichkeit der Welt.77

–Voici le pacte !–78 annonçai-je aujourd’hui au Docteur M. lorsqu’il apparut dans ma chambre.

La Société des Hommes Célestes - p.437/438

 –Mon livre n’est pas un roman– corrigeai-je une fois de plus. –C’est un intertexte. Mais, si je rechute, j’essaierai la prochaine fois de vivre mon ‘délire’, comme vous dites, en termes de Divine Comédie. Imaginez un instant : au lieu d’être Faust, je serai Dante. Margaret sera Béatrice. Et vous, Virgile. Je donnerai à l’intertexte la forme d’une pyramide, divisée en trois parties, comme le poème dantesque. La première, la base, sera la plus obscure et la plus heurtée, et elle correspondra à l’Enfer. La seconde, lumineuse  mais abrupte, au Purgatoire. Et la troisième, la plus éclairée et la plus véloce, sera le Paradis Terrestre, alors que le sommet de la pyramide se contentera de signaler modestement, telles les petites flèches des tableaux de Paul Klee, le Paradis Céleste. D’ailleurs, j’écrirai cet intertexte en plusieurs langues pour me libérer, entre autre, de l’emprise de la Langue Céleste, emprise favorisée par le monolinguisme qui caractérise le roman.
–Bravo ! De mieux en mieux !– s’écria Wagner. –Pouvez vous nous expliquer comment vos intertextes polyglottes seront traduits ?
–Les intertextes ne se traduisent pas, Wagner. Les intertextes se ré-écrivent dans d’autres langues, tout en incorporant des nouveaux jeux intertextuels permis par les nouvelles langues utilisées. Ainsi le traducteur cessera d’être un simple transcripteur de textes et deviendra un écrivain d’un niveau comparable à celui de l’auteur ‘originel’.

La Société des Hommes Céleste - p.108/109

Notre professeur de castillan –le ‘Señor Tolosa’– un linguiste polyglotte qui allait par la suite devenir abbé de l’Ordre de Saint Benoît à Santiago, nous avait lu en classe une nouvelle extraordinairement drôle et vivante. Ravi par l’histoire, je m’étais approché du professeur après le cours pour le prier de me prêter son livre car je voulais lire toutes les autres nouvelles. «Tiens ! –me dit-il avec des yeux rieurs–. Je te le prête si tu peux vraiment le lire». Et il me montra son livre écrit dans une langue pour moi inconnue et illisible. C’était du russe et l’auteur, Tchékhov ! La magie enchanteresse du récit, le mystère des langues interchangeables, l’excellence de la littérature comme source de connaissance et de plaisir, marquèrent immédiatement et pour toujours mon esprit. Par la suite je voulus, moi aussi, écrire des récits à la Tchékhov, mais je dus me contenter de quelques contes et poèmes maladroits et des exercices de composition castillane, où je m’amusais à réécrire à ma guise –en bouleversant leur structure– les textes qu’on nous lisait en classe.

La Guérison - p.19/20

 

"...C'est ce que je raconte dans un cahier écrit à l'hôpital et dont je t'offre ici, lecteur, quelques fragments rédigés en français et en espagnol, saupoudrés d'un peu d'anglais et d'italien, avec quelques pincées de latin et d'araucan, le tout agrémenté par les souvenirs de ma vie médiévale.

 Sans doute seras-tu étonné par cette pizza linguistique. L'explication est pourtant simple. Elle est contenue dans De Vulgari Eloquentia l'un de mes plus importants écrits théoriques. Dans cet essai, que j'ai rédigé au début du XIVe siècle, je reconnais que la langue d'oil est la plus adéquate pour écrire en prose vulgaire("Allegat ergo pro se lingua oi'l quod propter sui faciliorem ac delectabiliorern vulgaritatem quicquid redactum est sive inventurn ad vulgare prosaycum, suurn est1... "), tandis que la langue d'oc et, en particulier, la langue du si (le toscan, auquel je me permettrai d'ajouter, avec le recul que me donne cette réincarnation, le castillan) sont les plus appropriées à la poésie. Donc, dans cette nouvelle Comédie tout ce qui concerne la poésie est écrit soit en italien (toscano), soit en espagnol (castellano), et tout ce qui concerne le récit en prose est rédigé principalement en français, et parfois en anglais, langue du (ja ou yes),hypocritement romanesque mais excellente pour englober et occulter tout type d'obscénités. N'aie pas peur, lecteur. Aujourd'hui toute hôtesse de I'air parle plusieurs langues. Alors toi, intellectuel de haut vol, tu peux faire pareil. Toutefois, pour le cas où tu ne pourrais lire qu'une seule langue, je te laisserai en bas de page quelques notes qui renvoient à mon œuvre, surtout à ma première Commedia dont le texte sert de guide à celui-ci et, en quelque sorte, de langue de référence à toutes les autres. C'est une façon inédite d'écrire et de lire qui se situe - enfin ! - au-delà du  roman, mais ce n'est pas plus compliqué que de jouer avec un hypertexte sur un ordinateur, tu en auras vite la confirmation.

 Encore une petite précision linguistique avant d'entrer carrément dans l'Enfer. J'ai bien choisi d'écrire en français  "vulgaire" et non en français châtié (franc-latin ou franc-bourgeois), langue de choix des clercs et des romanciers-parisiens de cette fin de siècle. Comme plus d'un linguiste l'a déjà remarqué, le français dit  "littéraire"  risque, à l'instar du latin, de devenir, par excès de maniérisme, une langue morte. Justement, si j'ai écrit ma première Commedia en toscan (la langue "volgare"  à l'époque où j'étais Florentin) et non en latin, c'est parce que toute langue "vulgaire" est, par  définition, plus vivante et riche que les langues censurées et torturées par les Inquisitions Académiques. Alors, lecteur, fais-moi grâce de quelques subjonctifs guindés que tu découvriras par-ci, par-là, et de ma tendance hispano-araucanienne à me servir du passé simple à la place du passé composé (forme verbale habituelle de la langue parlée des Gaulois), et permets-moi de te guider à travers ce qui au début te paraîtra une selva oscura textuelle, mais dont la lecture deviendra progressivement - suivant les rythmes eschatologiques de l'Enfer, du Purgatoire et du Paradis - moins saccadée, plus claire et plus rapide.

 
Bref. Voici les premiers fragments du manuscrit écrit à l'hôpital psychiatrique, que tu peux lire aussi, si ton imagination le préfère, comme une comédie où les acteurs sont - par delà les personnages - les textes et les langues elles-mêmes, celles-ci jouant, chacune à son tour, un rôle bien spécifique. Ainsi, le français joue le rôle de la langue populaire ; l'espagnol, celui de la langue de la folie (Don Quichotte) et, simultanément, le rôle de la langue de la psychothérapie (Sancho Panza); l'anglais, le rôle de la langue vénale des "businessmen" ; l'araucan et le latin, le rôle des acteurs comiques ; finalement, l'italien joue le rôle de la langue la plus noble et poétique de toutes, la langue maternelle ... "

La Guérison parachève la pentalogie, œuvre non linéaire puisque chacun des livres qui la composent est indépendant et peut être lu avant ou après les autres. D'un point de vue narratif, La Guérison est une sorte d'autobiographie fictive de Dante Alighieri, réincarné au XXème siècle sous les traits d'un indien araucan lequel -devenu fou à cause de la trahison amoureuse de son amie américaine- se prend pour le poète toscan. Le texte est développé en plusieurs langues: le français pour le récit « autobiographique » central, l'anglais pour les répliques de la Béatrice américaine, le castillan (langue de Don Quichotte et de Sancho) comme support du délire et de la psychothérapie et, enfin, l'italien pour les citations et les transpositions de l’œuvre de Dante, le tout saupoudré d'expressions en latin et en araucan, langues qui jouent le rôle de « clowns » de cette comédie linguistique. Ainsi, la dernière et plus fermée des frontières du roman -le monolinguisme- est dépassé, ouvrant un passage vers un nouveau genre narratif, l'intertexte. Celui-ci -multilingue, multithématique, multitextuel- produit de l'évolution technique et culturelle de notre société, devient ainsi la guérison du roman -monolingue, monothématique, monotextuel- genre littéraire aujourd'hui moribond et, en tout cas, inefficace face aux nécessités de notre époque, dans laquelle l'écriture et la lecture électroniques commencent à dépasser l'ère de l'imprimerie, cette même imprimerie qui permit, il y a cinq siècles, de dépasser l'épopée en vers, laborieusement calligraphiée, pour aboutir au roman en prose.

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